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Patrick Rajoelina, ex-Ministre des Affaires Étrangères : le défi de la binationalité pour l’avenir de la politique malagasy ?

Patrick Rajoelina, ex-Ministre des Affaires Étrangères : le défi de la binationalité pour l’avenir de la politique malagasy ?
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En France, Emmanuel Macron semble être avant-gardiste dans le choix de ses hommes et dans la déclinaison de sa vision politique, plus particulièrement sur la question des citoyens binationaux. 

Pour mémoire, Jules-Armand Aniambossou, diplomate à la double nationalité franco-béninoise, avait été nommé par Emmanuel Macron pour le poste d’Ambassadeur Français en Ouganda. Une nomination qui avait suscité des polémiques pour son caractère singulier.  Toujours dans cette logique, le Conseil Présidentiel pour l’Afrique (CPA) initié par le chef d’État français vise à capitaliser sur la présence de citoyens à la double nationalité dans la perspective de rester un partenaire privilégié du continent africain. Au-delà des positions prises par le Président français, il y a déjà 60 députés qui cumulent deux nationalités au sein de l’hémicycle français, actuellement.  

Madagascar en retard sur la question binationale ?

À Madagascar, les binationaux représenteraient quasiment 2000 personnes, si nous nous fions aux statistiques parues en 2015. La Grande île dénombre aujourd’hui la deuxième communauté française la plus importante en Afrique, derrière le Maroc avec ses 20 000 ressortissants français environ. Pourtant, dans le respect somme toute logique de l’identité malagasy, l’absence de la maîtrise de la langue engendre un rejet des concitoyens, comme l’a pu expérimenter, de près ou de loin, l’ancien Ministre des Affaires Étrangères, Patrick Rajoelina qui n’a pas été renouvelé dans ses fonctions à l’issue du dernier remaniement en mars 2022, sous la primature de Christian Ntsay.

Attention au déplacement de la lutte

Manifestement, il y a erreur dans l’analyse qui ressort, s’agissant de ces potentiels binationaux ; puisque si nous observons l’appareil étatique depuis l’indépendance, à combien de reprises les conseillers des Présidents étaient français ou étrangers alors que ces derniers peuvent défendre des positions à l’encontre des intérêts malagasy. Pour élargir la réflexion, à combien d’entreprises nationales et des grands groupes, nomme-t-on des C.E.O étrangers à Madagascar alors qu’il s’agit toujours de questions souveraines sur des postes ô combien stratégiques ayant des conséquences considérables sur la croissance économique. D’ailleurs, combien de Présidents ou de Directeurs généraux étrangers occupent de telles places au sein des entreprises du CAC 40. Un article paru dans le monde en 2015 nous indiquait que dans les entreprises côté en bourses, Les patrons d’origine étrangère restent rares. On en compte trois : l’Indien Lakshmi Mittal (Arcelor Mittal), l’Allemand Thomas Enders (Airbus) et le Portugais Carlos Tavares (PSA). Alors il est vrai, nommer un Ministre qui ne parle pas malagasy interroge et peut poser problème sur des questions pratico-pratiques comme les échanges qui se tiennent au sein de l’Assemblée Nationale, mais dans le fond, il s’agit d’abord d’une question d’ordre sentimental. Il s’agit uniquement d’un principe. Lorsque des malagasy rayonneront dans le monde et ne maîtriseront pas notre langue, pour autant, aurons-nous la force de ne pas les considérer comme des Malgaches, sachant que ne pas les associer, c’est perdre en image et en impact. Pour rafraîchir certaines mémoires, les Barea qui nous ont tous fait rêver, la moitié d’entre eux ne maîtrisait pas la langue sans que cela déclenche une bronca sur le plan national. Le sélectionneur n’avait, quant à lui, pas la nationalité malagasy, est-ce que cela était un handicap. En réalité, si nous gagnons, cela profite à Madagascar, la langue ne constitue pas une barrière au sens premier comme au sens figuré du terme. Faisons donc montre d’ouverture pour le véritable intérêt de Madagascar.

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A propos de l'auteur

Gregory SILENY

CO-FONDATEUR & REDACTEUR EN CHEF
Spécialisé dans la communication et l'analyse politique. Il intervient notamment sur les médias spécialisés sur l'Afrique.
gregory.sileny@madagascar-media.com

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