CO-FONDATEUR & REDACTEUR EN CHEF
Spécialisé dans la communication et l’analyse politique. Il intervient notamment sur les médias spécialisés sur l’Afrique.
gregory.sileny@madagascar-media.com
La tenue de la deuxième commission mixte qui réunira les délégations malagasy et française se déroulera au cours de ce mois de septembre. À cette occasion, le Ministre des Affaires étrangères a admis le combat asymétrique qui existait entre Madagascar et son vis-à-vis « Nous n’avons pas les moyens militaires comme la Russie pour débarquer sur ces îles ou pour s’en prendre à la France, afin de réclamer la restitution de ces îles ». Il s’agit assurément d’une stratégie, est-ce pour autant la bonne ? Seul l’avenir nous le dira.
Au-delà des considérations patriotiques, au sujet des îles Éparses, est-ce que Madagascar se donne tous les moyens de récupérer, dans son giron, ce bout de territoire aux richesses incommensurables ? Andry Rajoelina fut très actif sur le sujet au tout début de son mandat, profitant manifestement d’un élan populaire, et lié aussi au début de son exercice marqué par l’espoir d’une nation. Puis à mesure que le temps s’écoulait, et face aux défis successifs qui se présentaient, l’impression qui en ressortait, laisser supposer que les îles éparses n’étaient plus la priorité de Iavoloha. Outre ces données, 3 Ministres se sont succédé au Ministère des Affaires étrangères, ce qui a amené des visions différentes sur le sujet. À cela, il ne faut pas occulter que Christian Ntsay a cumulé la fonction de Premier Ministre et Ministre des Affaires étrangères.
Le manque de vision et de stratégies ?
En vérité, les îles éparses auraient dû revêtir un aspect beaucoup plus large que sa seule récupération. La position audacieuse d’Andry Rajoelina d’aborder ce sujet sans ambages à sa première rencontre diplomatique avec son homologue français était l’opportunité d’entrevoir une nouvelle relation bilatérale avec la France. Il y a une vérité à laquelle sera inévitablement confronté Madagascar, c’est la notion de temps. 62 ans après l’indépendance, les îles éparses demeurent françaises, l’établissement des commissions mixtes entrouvrait la thèse d’un nouveau cycle long qui n’est qu’à son commencement. C’est pourquoi les îles éparses offraient déjà à Madagascar l’opportunité de mettre en corrélation ce dossier aux autres négociations qui existent sur le plan diplomatique, que ce soit économiques, commerciales, militaires et tous les autres aspects de la coopération. Autrement dit, le temps profitable à la France dans l’issue potentielle à trouver sur ce dossier ô combien épineux, à savoir des îles Éparses, induisait un manque à gagner qu’il fallait compenser. Autrement dit, le préjudice malagasy pouvait aboutir à une compensation qui pouvait revêtir plusieurs formes. Par ailleurs, si Madagascar espérait récupérer ses îles, il aurait été judicieux que ces îles deviennent un sujet d’indignation au même titre que Taiwan ou la Crimée. Certes, il n’y a aucune population sur ces îles, mais Madagascar comprend une population à plus de 80 % qui vit dans l’extrême pauvreté alors qu’à quelques malheureux kilomètres se trouvent des gisements de gaz capable de diversifier les approvisionnements sur un plan mondial et sortir de la dépendance russe. Le plan de communication semblait de toute évidence être tout trouvé…
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