« AFFAIRE POGBA », quand « le quartier » te rattrape ?

L’affaire Pogba met en lumière une problématique peu abordée en France : la réussite des populations françaises d’origine subsaharienne. Il est vrai, associer le mot réussite et désigner une personne par ses origines demeurent un sujet sensible et à l’opposée des principes de la société française. Pourtant, de manière manifeste, nous touchons ces sujets de près, à travers ce fait divers. L’extorsion de fonds par des malfaiteurs, issus de quartiers difficiles, une célébrité mondiale en la personne de Paul Pogba qui plus est dans le football. Puis vient se greffer une autre problématique, plus transversale qui touche beaucoup de Français, comme les rapports familiaux évoluent au sein d’une fratrie aux parcours disparates. Ladite affaire Paul Pogba montre comment ce dernier a été rattrapé par le quartier, mais à vrai dire, a-t-il songé un tant soit peu s’en écarter définitivement, comme beaucoup de footballeurs se refusent à faire ?

Le communautarisme est un mal français qui fit souvent l’objet d’attaques régulières de la part des représentants de l’État. Nicolas Sarkozy a abordé régulièrement cette thématique, puis Manuel Valls en a fait aussi son instrument politique par quelques aphorismes marquants « apartheid français ». Au sein des banlieues, coexistent deux états de fait, entre un communautarisme en réaction, aboutissant à un rassemblement de personnes qui jugent être exclu de la communauté nationale, créant ainsi un « entre-soi ». Puis il y a aussi un communautarisme pro-actif qui trouve ses racines dans une culture urbaine mélangeant Rap et idéologie afro-américaine. Sur ce dernier aspect, on remarque in fine des individus qui aujourd’hui ne peuvent plus être considérés comme paupérisés, victimisés, voire ostracisés. Or trop de footballeurs continuent de fricoter avec ce contexte ambiant par amour et fascination.

Les Français d’origine subsaharienne, pour ceux d’entre eux issus de quartiers sensibles, devenus par la suite footballeurs, ne veulent en aucun cas former une élite, ce serait un désaveu, eu égard à leurs origines sociales et leurs parcours, selon eux.

Le manque d’élévation et de maturité ?

Dans cette histoire qui met aux prises de jeunes Français d’origine africaine puisque Paul Poga est originaire de la Guinée, il serait peut-être opportun d’intégrer un nouveau logiciel. Lorsque nous évoquons un changement, nous abordons les sujets comme l’entourage, le milieu social, l’image et la communication choisie par les protagonistes. Paul Pogba est un produit de l’assignation que la société renvoie à ces jeunes originaires de quartiers défavorisés. Le documentaire Pogdocumentary vient mettre en lumière un jeune homme imprégné de culture afro-américaine, n’ayant rien à envier à l’image du rappeur. Si dans ladite affaire, il a été évoqué aussi du maraboutage à l’encontre Kilyan Mbappe, avec une potentielle rivalité entre les deux stars, c’est aussi justement parce que ce dernier, nouveau prodige français, développe quant à lui une image à l’opposée des stigmates du « parfait banlieusard ». Kylian Mbappe incarne l’anti-thèse de Paul Pogba. Quand bien même, nous ne disposons pas de toutes les informations relatives à cette affaire, puis il n’y a pas à douter du statut de victime de Paul Pogba, toutefois une chose demeure certaine, les jeunes sportifs de haut niveau issus de quartier aiment fricoter avec un milieu qui se trouve à mille lieux (sans vouloir faire de jeu de mots) du train de vie qui sont les leurs. Cette jeunesse doit imiter des Kylian Mbappe, Teddy Riner, Tony Parker et se défaire de ce qui a longtemps desservi l’image des quartiers comme Frank Ribery, Samir Nasri… qui par ailleurs ont désormais gagné, semble-t-il, en maturité. Forme de repentance dira-t-on.