Madagascar : L’opportunité de rebâtir un pays
L’année 2025, soit 128 ans après l’exil forcé de Ranavalona III, dernière reine de Madagascar, marque pour le pays l’espoir d’un nouvel horizon, d’un retour à ses valeurs et à sa dignité.
Les premiers signes de ce changement sont palpables, même s’ils demeurent encore fragiles, oscillant entre désillusion et espoir naissant. Le président Michaël Randrianirina, nouvel homme fort du pays, sait qu’il dispose de peu de temps pour agir. Il lui faut, dans un délai restreint, mettre en œuvre des actions fortes et concrètes afin de refonder le pays sur des bases solides. Il s’est fixé une échéance de deux ans pour poser les fondations d’une nation reconnectée à son peuple, fondée sur une gouvernance assainie, une lutte effective contre la pauvreté et les inégalités, et surtout l’élimination de la corruption, avant de lancer de nouvelles élections.
Le chantier est immense. Car ces 128 années peuvent être vues comme une longue traversée du désert : marquée par une colonisation inhumaine et destructrice, des errances politiques, la prédation et le pillage organisé des richesses nationales, puis par des dictatures violentes et répressives. Tout cela a conduit à une perte de contrôle sur la gouvernance, à l’effondrement de la trajectoire de développement, à l’extrême pauvreté, à des fractures sociales abyssales et à une désintégration progressive du pays, isolé du reste du monde.
Mais un vent nouveau souffle aujourd’hui, balayant sur son passage les dérives autoritaires, comme cela s’est vu ailleurs, au Népal par exemple. À Madagascar, ce vent laisse place à la liberté d’expression, à la quête de transparence, de performance et de redevabilité de la part des gouvernants. Le défi est à la hauteur des espérances du peuple, en particulier de cette génération Z, qui a réussi à renverser l’immobilisme d’un peuple longtemps enfermé dans le fatalisme et une résilience stérile.
C’est aujourd’hui une opportunité historique de rebâtir le pays, presque comme un pionnier qui découvre un territoire neuf. Le gouvernement actuel, avec les forces vives de la nation, doit entreprendre cette transformation radicale pour relever les défis immenses qui l’attendent. Il ne s’agit pas simplement d’un changement, mais bien d’une métamorphose, une refondation à mener sur tous les fronts : constitutionnel, institutionnel, politique, social, économique, culturel et technologique. Pour se réinventer, celles et ceux qui ont cette noble mission de rebâtir la nation doivent adopter une approche globale et inclusive, fondée sur les talents et les forces vives du pays. Il faut mettre en place des équipes interfonctionnelles au sein de chaque ministère, mais aussi à tous les niveaux de l’administration, capables de conduire une transformation durable, cohérente et enracinée dans toutes les régions du pays.
