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Politique : Quid de la responsabilité partagée ?

Politique : Quid de la responsabilité partagée ?
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La décentralisation effective est à nouveau au centre du débat public, à Madagascar. Les élections sénatoriales et l’avènement de la 23ème région dans le sud sont autant de sujets qui avaient déjà été amorcés très tôt en début de quinquennat, et qui refont surface aujourd’hui. La baisse considérable du nombre de sénateurs a été présentée comme la cause principale de la mise en place de gouverneurs. Andry Rajoelina souhaitait un État plus proche des régions et par ricochet des populations, vilipendant au passage la chambre haute comme une institution inadaptée et budgétivore. Un moyen pour les autorités malagasy de sortir du pouvoir concentrique et monopolistique de la capitale.

Intervention sur la suppression du sénat et l’installation des gouverneurs sur Africa24

Entre temps, la Covid-19 est venue et a frappé Madagascar en immobilisant tout le pays depuis plusieurs mois. Après un long intermède, la présidence en exercice remet le couvert et espère cette fois-ci parvenir à ses fins avec des élections sénatoriales programmées en décembre. Toujours dans cet esprit de responsabilité partagée, le Président de la République avait aussi impulsé les contrats programmes qui ont été au départ soumis aux Ministres, puis généralisés aux gouverneurs. Toutefois, est-ce que nous pouvons affirmer maintenant que chaque responsable politique joue son rôle dans l’Establishment ?

Les limites d’un modèle hyperprésidentialisé

Le Sénégal, pays qui est une source d’inspiration dans l’Afrique francophone, a fait le grand pas vers l’hyper-présidentialisation en supprimant le poste de Premier Ministre en 2019. Macky Sall, auréolé d’un second mandat, voulait aller vite, très vite et se délester de la primature qui était sans aucun doute, selon lui, un gage de réussite dans sa vision politique. À Madagascar, Andry Rajoelina qui témoigne beaucoup de respect à l’endroit de son homologue africain, est très investi et au centre de toutes les affaires domestiques comme l’étaient ces prédécesseurs. En coulisse, lorsque nous prenons le temps de discuter avec ses proches collaborateurs, on déplore expressément le manque criant de célérité pour suivre la cadence du Président de la République. Mais, aujourd’hui dans le contexte de crise, la responsabilité partagée devient presque inéluctable. Impliquer davantage les responsables politiques dans les défis nationaux devient primordial.

Débat et analyse sur la suppression de la Primature au Sénégal

Au demeurant, Macky Sall serait en train de faire machine arrière dans sa volonté d’hyper-présidentialisation et songerait à nommer à nouveau un Premier Ministre. L’hyper-présidentialisation est aussi voulue par la population malagasy qui la trouve rassurante. Ils s’en font, à vrai dire, une image plutôt positive mais avec un caractère à double tranchant. Soit le Président en tire tout le succès soit il concentre toutes les critiques. Les malagasy, quant à eux, souscrivent sciemment ou non à un paternalisme présidentiel. Cette velléité se répand presque sur tout le continent noir où la quête d’un Président capable de guérir tous les maux est toujours recherché à chaque élection Présidentielle. Dans ce même esprit, beaucoup espérait une ingénieuse présidence lorsque Paul Kagame avait la charge de l’Union Africaine, pensant y apercevoir un modèle à la Rwandaise sur les 54 pays du continent. Il s’agissait pourtant que d’une présidence tournante de l’Union Africaine avec un périmètre d’action très limité. Encore un exemple de plus, de ce goût pour l’hyper-présidentialisation qui pourtant devient anachronique, eu égard à la complexité des défis et des contextes actuels.

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A propos de l'auteur

Gregory SILENY

CO-FONDATEUR & REDACTEUR EN CHEF
Spécialisé dans la communication et l'analyse politique. Il intervient notamment sur les médias spécialisés sur l'Afrique.
gregory.sileny@madagascar-media.com

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