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La famine à Madagascar, une vulnérabilité connue

La famine à Madagascar, une vulnérabilité connue

La grande famine éclipsée par la Covid-19 dans le sud de Madagascar

Ce n’est pas la première fois que l’on voit des images à la fois bouleversantes et cauchemardesques d’enfants faméliques, squelettiques du sud de Madagascar en cette période. Une saison de détresse alimentaire et sociale totalement éclipsée par la pandémie de Covid-19. Alors que le vieux continent est au bord de l’explosion et a du mal à sauver son tissu économique, ailleurs, dans la région du grand Sud de Madagascar, on lutte pour la survie. Des enfants meurent de faim. Des nombreux villages souffrent à la fois de pauvreté mais aussi d’une sécheresse sévère, privant des nombreuses populations de l’élément vital que l’eau, pour maintenir les vies humaines et animales.

Une vulnérabilité connue

Le problème de la famine dans le grand sud de Madagascar est un mal connu depuis des années, et pourtant à ce jour il n’y a pas vraiment de politique de lutte concrète et durable. On colmate les brèches à chaque saison sèche, tardivement, comme à chaque année, au moment où les enfants meurent, quand la douleur est à son comble. Alors à ces périodes-là, tout le monde se lève et se mobilise aussi bien à Madagascar qu’aux 4 coins du monde par le biais de la diaspora afin d’agir face à l’urgence et traverser la saison dramatique. Et puis, c’est tout. Les discours contre les pratiques d’aides d’urgence jugées inefficaces sur le long terme ne sont ni résiduels, ni anecdotiques, ils sont tout à fait compréhensibles quand on voit la récurrence de la famine et qu’aucune solution ou projet à visée durable n’ait été conçu pour anticiper les « keres* » futurs. La vulnérabilité alimentaire du grand sud de Madagascar n’a jamais été pris au sérieux par les politiques. Il faut se résoudre à dire que les politiques alimentaires successives du pays de ces soixante dernières années ont failli.

Appel pour une politique alimentaire et nutritionnelle durable

L’urgence ne devrait pas enfermer ceux qui agissent mais devrait plutôt les pousser à réfléchir sur des actions sur le long terme. Il faudrait explorer des nouvelles pistes nutritionnelles et alimentaires efficaces et durables. Il est temps d’agir et de proposer des solutions concrètes et pérennes. Une politique alimentaire spécifique pour la région du grand Sud devrait voir le jour en commençant par se poser les bonnes questions. Comment produire suffisamment et prévenir les saisons difficiles ? Les politiques ont tout intérêt à trouver aussi bien des explications pourquoi systématiquement le grand Sud doit vivre dans la misère chaque saison sèche ? Mais aussi à trouver des solutions pour ne pas se cantonner uniquement à des solutions d’urgence. Des pays africains ont réussi à vaincre la famine, pourquoi pas nous ? Les pistes sont nombreuses en passant par le développement du secteur agricole par des grands travaux de construction d’ouvrages d’irrigation sophistiqués, en misant par la solidarité régionale par des circulations massives de produits alimentaires, en mettant en place des politiques de protection sociale des couches les plus défavorisées, en subventionnant les produits de base pour permettre un meilleur accès à l’équilibre alimentaire des ménages, etc. Madagascar a tout ce qu’il faut pour réussir le pari de l’autosuffisance et de la sécurité alimentaire et sortir toute sa population de la famine pour atteindre le deuxième Objectif de développement durable : zéro faim d’ici 2030 !

Retrouvez l’intervention de Gregory Sileny (Madagasacar Media) sur Africa24 sur le « Kere »

*Kere : terme malagasy qui signifie « grande famine ».

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