
L’Afrique, entre turbulences diplomatiques et opportunités économiques : à quand le véritable décollage ?

Paris — Lors du Forum Afrique organisé par le CIAN et L’Opinion, les discussions ont mis en lumière une vérité complexe mais incontournable : l’entreprise reste plus que jamais le moteur d’une croissance durable sur le continent africain. Et pourtant, le climat géopolitique actuel, dominé par les incertitudes américaines, vient en brouiller les signaux.
Dès les premiers échanges, le ton est donné : les décisions récentes de l’administration américaine, marquées notamment par la fermeture de plusieurs ambassades – principalement en Afrique – ou encore la suspension partielle des programmes de coopération comme ceux de la MCC (Millennium Challenge Corporation), illustrent une dynamique d’effacement progressif des États-Unis dans certaines régions du continent. Si Washington ne vise pas explicitement l’Afrique, l’impact est bien là. Par effet collatéral, certains pays africains paient le prix d’une politique tarifaire américaine erratique.
Les surtaxes douanières décrétées par l’administration Trump – dont certaines ont été maintenues ou seulement gelées – en disent long. Ainsi, Madagascar figure parmi les nations les plus durement touchées, avec des droits de douane allant jusqu’à 47 %. D’autres, comme Maurice (40 %), l’Algérie (30 %) ou le Nigeria (14 %), n’échappent pas non plus à cette nouvelle géographie commerciale. À l’opposé, des pays comme le Maroc ou l’Égypte, dont les relations diplomatiques avec les États-Unis sont jugées plus fluides, bénéficient de taux plus favorables, autour de 10 %.
Mais faut-il y voir une simple coïncidence ou une stratégie géopolitique déguisée ? Difficile à dire. Ce qui est certain, c’est que la cartographie du risque pays en Afrique évolue, et pas uniquement à cause des surtaxes américaines. La hausse des taux d’intérêt mondiaux, les incertitudes liées aux matières premières et les politiques de financement international en mutation fragilisent les économies les plus vulnérables, notamment les pays très endettés comme la Somalie.
Et pourtant, malgré ce contexte, l’Afrique reste un continent de croissance. Avec une projection de 4 % en moyenne d’ici 2025-2026, selon les dernières données du FMI, le potentiel est bien réel. Le continent devient même une terre d’opportunités pour ceux qui sauront adopter une approche cohérente, constante et crédible. Trois « C » essentiels pour qui veut investir durablement.
C’est dans cette optique que la France affirme sa volonté de soutenir ses entreprises prêtes à s’engager en Afrique. À travers la Team France Export, composée de Business France, Bpifrance, les chambres de commerce et le réseau diplomatique, les entrepreneurs bénéficient d’un accompagnement unique au monde. Financements, études de faisabilité, garanties à l’export, missions économiques : les outils sont là. Reste à oser.
Le mot d’ordre est clair : “Oser l’Afrique”. L’enjeu n’est plus simplement économique, il est stratégique. Et la dynamique doit être bilatérale. Comme le rappelle la récente ouverture d’une filiale bancaire nigériane à Paris, les investissements doivent circuler dans les deux sens pour que la croissance soit réellement partagée.