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Madagascar et les enjeux numériques

Madagascar et les enjeux numériques
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Vers 500 milliards d’objets connectés

En 2030, on estime à 500 milliards d’objets connectés sur la planète Terre. C’est demain. Nous allons vers une société de plus en plus exposée et connectée. L’internet est arrivé tardivement à Madagascar en 1993. En 2008, nous observons une courbe de croissance presque à la verticale[1]. La part des internautes dans la population est significativement en croissance exponentielle. Cette dynamique s’accélèrera sûrement dans les années venir. Le taux de pénétration d’internet avoisine aujourd’hui les 6%. Le pays dispose du réseau internet le plus rapide en Afrique, avec une vitesse supérieure à des nombreux pays riches. La Grande île est classée 22ème mondiale avec ses 24,9 Mégabits par seconde, et surpasse largement la France, la Grande-Bretagne et le Canada. Nous avons une situation paradoxale, d’un côté nous disposons d’un avantage technologique et d’un autre côté, nous ne sommes qu’aux premiers balbutiements de l’internet à Madagascar.

Notre renoncement volontaire à la liberté

Si on analyse l’utilisation des réseaux sociaux par les Malgaches, Facebook arrive en tête, de par sa gratuité. Le malgache lambda s’y investit activement, c’est presque devenu une extension de son être analogique et se crée une vraie identité virtuelle. Facebook rythme sa vie, il y raconte sa vie sans savoir que les technologies big data font de leurs vies. C’est à ces risques là que nous voulons attirer votre attention aujourd’hui. Tout ce que nous faisons dans cette nouvelle ère numérique peut être enregistré, stocké et surveillé. Et demain, avec les 500 milliards d’objets connectés, nous renoncerons volontairement à la liberté jusqu’à l’acceptation de toutes les dérives sécuritaires. Ces atteintes à notre liberté sont flagrantes mais nous semblons ne pas nous en soucier. Nous continuons à publier sur les réseaux sociaux les photos de nos familles, raconter nos vacances, faire nos achats, partager de nos humeurs et nos idées, même nos enterrements et les défunts. Nous révélons nos secrets dans nos textos, nos e-mails, dans des vidéos, ainsi qu’avec toutes nos publications sur les médias sociaux.  Comme une pieuvre, la surveillance totale enveloppe le monde de ses tentacules. Elle se nourrit et s’alimente et se fortifie par notre exposition numérique et par les technologies elles-mêmes. Et en fait des sources de revenues colossales par la marchandisation de notre vie privée.

Pour faire face à l’enjeu numérique de demain, Madagascar doit s’adapter au rythme numérique qui couvre tout avec sa toile sur son passage comme un rouleau compresseur. À l’échelle individuelle : comment résister à la transparence virtuelle et à ces poches d’obscurité ?  Est-ce que la résistance numérique est possible ? Que faut-il faire face à un pouvoir numérique qui circule ? Aurions-nous le courage d’un Snowden ? Les mêmes questions se posent à l’échelle nationale. Les moyens dont dispose l’ARTEC (Autorité de Régulation des Technologies de Communication) doivent être renforcés pour faire face et s’adapter au monde tout-numérique à venir, notamment en termes de législation, de protection des données aussi bien individuelles que des entreprises. Il faut s’en préoccuper dès maintenant, la guerre des donnes démarre aujourd’hui. Madagascar peut-il faire face ?

Fabien RAZAKANDRAINIBE, Editorialiste.

[1] Madagascar : Les chiffres clés de l’internet. JDN – 2019

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