Antananarivo à l’aube d’un scrutin crucial
Antananarivo, la capitale de Madagascar, vibre au rythme de la campagne électorale pour les municipales. Les rues résonnent des slogans et des hymnes des candidats, des caravanes colorées sillonnent la ville, des meetings rassemblent des foules de partisans. Le scrutin du 11 décembre prochain revêt une importance capitale pour les quelques 1 695 communes de Madagascar, rurales et municipales. À Antananarivo, cœur politique et économique du pays, sept candidats, dont une seule femme, briguent la mairie. Les enjeux de cette élection sont considérables. Les citoyens attendent des solutions concrètes aux problèmes socio-économiques qui les accablent : pauvreté, accès limité à l’eau et à l’électricité, corruption. Renouveler la confiance dans la classe politique et assurer le développement harmonieux de la capitale sont des défis majeurs pour les prétendants au fauteuil de maire. À l’approche du scrutin, faisons un tour d’horizon des principaux candidats et de leurs enjeux.
Harilala Ramanantsoa : Une candidate expérimentée misant sur la continuité
Seule femme candidate, Harilala Ramanantsoa est le profil choisi par la coalition au pouvoir « Isika rehetra miaraka amin’i Andry Rajoelina » (Irmar) à la mairie d’Antananarivo. Elle se présente comme une figure d’expérience et de continuité. Forte de son passé de Présidente de la délégation spéciale (PDS) de la capitale, elle entend capitaliser sur son bilan à la tête de la Commune urbaine d’Antananarivo (CUA) et sur les réalisations du Président de la République, Andry Rajoelina. Son soutien affiché par le parti AVI (Asa Vita no Ifampitsarana), membre de la plateforme ARMADA (Alliance républicaine de Madagascar), renforce sa position au sein de la majorité présidentielle. Son lancement de campagne, marqué par un culte œcuménique au Rovan’i Madagasikara, lieu symbolique du premier mandat d’Andry Rajoelina, souligne son ancrage dans la mouvance présidentielle. Soucieuse de dynamiser sa campagne, elle a également organisé un meeting au PK0 Soarano, rassemblant des artistes pour un spectacle grand public. Si elle doit encore rattraper son retard dans la pré-campagne et mobiliser pleinement l’électorat, Harilala Ramanantsoa mise sur une stratégie de proximité et d’écoute pour convaincre les électeurs de lui confier les rênes de la capitale.
Tojo Ravalomanana : L’héritage politique comme principal atout ?
Tojo Ravalomanana, candidat du parti « Tiako i Madagasikara » (TIM), se pose comme le principal challenger face à la coalition au pouvoir. Son atout majeur réside dans le soutien indéfectible de l’électorat fidèle à son père, l’ancien Président de la République, Marc Ravalomanana. Sa stratégie repose en grande partie sur la capitalisation de cet héritage politique, conjuguée à des propositions pour résoudre les problèmes de la capitale. Son lancement de campagne, marqué par un culte religieux au Magro Behoririka suivi d’une marche dans le centre-ville, illustre cette volonté de s’inscrire dans la continuité de l’ère Ravalomanana. Toutefois, il lui faudra démontrer sa capacité à s’affranchir de la tutelle paternelle et à convaincre les électeurs au-delà du socle familial, en présentant un programme solide et en incarnant un renouveau pour Antananarivo.
Tahina Razafinjoelina : Une campagne offensive et contestataire
Candidat du parti « Tia Tanindrazana« , Tahina Razafinjoelina a opté pour une stratégie de campagne marquée par la démonstration de force et les discours critiques. Dès le premier jour, il a organisé une marche imposante avec ses partisans, reliant Soanierana au stade Barea Mahamasina. S’adressant à la foule, il n’a pas hésité à lancer des attaques virulentes contre le TIM, s’imposant ainsi comme un opposant farouche au parti de Tojo Ravalomanana et se présentant comme une alternative face au camp présidentielle. Sa stratégie, axée sur une présence visible sur le terrain et des discours percutants, vise à mobiliser un électorat en quête d’alternatives aux forces politiques traditionnelles. Reste à savoir si cette approche offensive lui permettra de séduire un nombre suffisant d’électeurs pour s’imposer dans la course à la mairie d’Antananarivo.
Pourquoi cette élèction municipale est-elle si cruciale pour Madagascar ?
Un défi majeur. Restaurer la confiance et convaincre les citoyens de l’importance de leur vote constituent des défis majeurs pour les candidats. Leur capacité à mobiliser l’électorat dépendra en grande partie de leur aptitude à proposer des solutions concrètes aux problèmes socio-économiques qui touchent la population, tels que la pauvreté, le manque d’accès à l’eau et à l’électricité, et la corruption. Au-delà des promesses, les candidats devront s’engager dans une véritable démarche de proximité, en allant à la rencontre des habitants, en les écoutant et en les impliquant dans la construction de leur programme. Les campagnes de porte-à-porte, les rencontres dans les quartiers, les échanges directs avec les citoyens seront des éléments clés pour renouer le dialogue et redonner confiance en la politique. La participation des citoyens est essentielle pour une démocratie saine et dynamique. Les candidats doivent redoubler d’efforts pour démontrer que l’élection municipale est un moment crucial pour faire entendre sa voix et contribuer à l’amélioration de la vie de la communauté. Les élections municipales à Antananarivo mettent en lumière l’importance cruciale du respect des règles du jeu démocratique pour garantir un processus électoral transparent, équitable et pacifique.
Prévenir les débordements et assurer la sécurité
La présence massive des forces de l’ordre lors des rassemblements de campagne, notamment à l’esplanade de l’Hôtel de Ville Analakely, témoigne de l’engagement des autorités à prévenir les débordements et les affrontements entre partisans. Cette mesure vise à assurer la sécurité des citoyens et à éviter que la ferveur de la campagne ne dégénère en violence. Le respect mutuel entre les supporters des différents candidats est essentiel pour préserver un climat de paix et de sérénité durant la période électorale.
Respecter les zones interdites à la propagande électorale
L’avertissement émis par la préfecture d’Antananarivo au parti TIM pour avoir mené une campagne dans une zone interdite souligne l’importance du respect des réglementations en vigueur. Les zones interdites à la propagande électorale, comme l’Avenue de l’Indépendance, les écoles et les hôpitaux, sont définies par un arrêté préfectoral. Les candidats sont tenus de respecter ces restrictions, même dans le feu de l’action, afin de garantir l’équité et la transparence du processus électoral.
La désinformation et les discours haineux s’invitent dans cette campagne
Ce phénomène, malheureusement en augmentation, représente une menace sérieuse pour la démocratie. Les plateformes numériques peuvent facilement devenir des vecteurs de diffusion de fake news et de discours haineux, qui peuvent influencer l’opinion publique et attiser les tensions. Il est primordial que les candidats et leurs partisans s’engagent à mener une campagne respectueuse, exempte de propos discriminatoires ou incitant à la violence, en ligne comme hors ligne.