Est-ce que les idées extrémistes peuvent gagner à Madagascar ?
CO-FONDATEUR & REDACTEUR EN CHEF
Spécialisé dans la communication et l’analyse politique. Il intervient notamment sur les médias spécialisés sur l’Afrique.
gregory.sileny@madagascar-media.com
62 ans après notre indépendance, Madagascar figure toujours parmi les pays les plus pauvres au monde. Si le peuple malagasy peut se targuer d’être pacifique et de ne pas avoir assisté à une quelconque guerre sur son territoire, la situation de désespoir continu a de quoi inquiéter.
Madagascar gagne toujours à être pacifique malgré les contextes de pauvreté. Les travaux effectués par les intellectuels (historiens, économistes et politiques) ont permis de comprendre que la crise cyclique et politique a conduit à l’état de délabrement de Madagascar, après l’indépendance. Depuis 2013, il y a une stabilité politique sans précédent. Désormais, tous les regards seront portés vers 2023 pour savoir si les élections vont se dérouler aussi dans un climat paisible. Cependant, quand bien même l’unité nationale a toujours régné, il y a deux fléaux qui touchent tous les pays au sein du concert des nations : le terrorisme et l’extrémisme.
L’extrémisme s’est même infiltré en Afrique, en Côte d’Ivoire, fin des années 90 sous l’impulsion de l’ancien Président Henri Konan Bédié visant à écarter son adversaire, qui officiera plus de 10 ans après et surtout en exercice, actuellement, le président Alassane Ouattara. C’est alors, qu’est né le concept d’ivoirité excluant de fait un pan de la population ivoirienne. A Madagascar, le terreau d’étrangers n’atteint pas le seuil du pays fraternel que représente la Côte d’Ivoire. Les disparités étant davantage sociales et économiques où seule une élite subsiste dans un pays majoritairement pauvre ce qui ne provoque pas la possibilité d’une forme d’extrémisme par des luttes fratricides. Le fléau auquel Madagascar doit porter une grande vigilance demeure celui de l’islamisme.
Attention au fondamentalisme et courant salafiste
Les mobiles d’inquiétudes existent. Tout d’abord, les Comores habitent un courant salafiste à proximité des frontières malagasy. Si jusqu’à présent la cohabitation entre chrétiens et musulmans était pacifique à Madagascar à l’image des valeurs de la Grande île, les projets de constructions de mosquées attirent les salafistes qui ont conscience de l’attrait de Madagascar en raison de la pauvreté structurelle et endémique. En 2013, selon le rapport de l’institut français des relations internationales 160.000 malgaches se sont convertis à l’Islam pour la seule année 2013 et pour des raisons uniquement financières. Si en 2010, les autorités évoquaient l’existence d’1 % de musulmans sur le sol intérieur, en 2017 le Ministère de l’Intérieur avançait que les musulmans représenteraient 15 % de la population malagasy. Une peur s’est alors installée puisque les autorités ont envisagé la fermeture de 16 écoles coraniques avant de se raviser, après des négociations. L’évêque de Port-Bergé, au nord de Madagascar, Georges Varkey Puthiyakulangara, s’en inquiétait puisque 1400 mosquées doivent être construites au cours de ce quinquennat et il évoquait sans détour une islamisation de Madagascar. La religion musulmane fait partie de l’histoire de Madagascar puisqu’elle est ante coloniale avec une présence depuis le début du 19ᵉ siècle. Mais depuis une dizaine d’années dans un silence et une indifférence générale, une autre forme d’islamisation (islamisme), étrangère dans sa composante, gagne Madagascar avec des intentions de conquêtes et très éloignée du pacifisme qui était propre à Madagascar.