Oppositions politiques en alerte !
Il y a quelques mois, on s’aventurait à une critique sérieuse de l’opposition politique à Madagascar. Le manque criant de propositions et d’alternatives face au déploiement de la politique du régime en place laissait un pays orphelin. Une démocratie apparaissait alors très en retard dans sa composante et dans sa capacité à faire émerger un débat public contradictoire. Puisque l’opposition a un rôle tout aussi important que la majorité présidentielle si on part du principe que la démocratie demeure un objectif de l’ensemble de la population et un inconditionnel du jeu politique. D’ailleurs, l’absence de positions médiatiques sur le sujet des îles malgaches de l’Océan Indien des leaders de l’opposition alors qu’il s’agit d’une question de souveraineté et des intérêts de Madagascar interroge. La digression étant faite, entre temps, après une critique constructive de notre rédaction (Pour une véritable opposition politique), une nouvelle année a débuté, et semble-t-il, les leaders reviennent avec d’autres intentions.
TIM & HVM, esquisse stratégique ?
Hery Rajaonarimampianina a commencé à « dégainer » mais avec un choix surprenant qui a le mérite de s’inscrire dans une continuité présidentielle. Il est devenu chef de mission[1] dans l’observation des élections présidentielles au Togo. Il s’agit d’une première pour un Président africain à l’opposé des Présidents occidentaux qui majoritairement vendent leurs expériences et leurs conseils à des ponts d’or, le temps de conférences de quelques heures aux 4 coins du monde à l’instar des Obama, Blair, Clinton, May, Sarkozy ou encore Hollande. En s’immisçant dans les affaires togolaises, Hery Rajoanarimpianina participe à nourrir une image intègre aux yeux des autres pays africains. Une stratégie intéressante. D’autant plus, il incarne pour les 53 autres pays du continent, le Président africain qui a démissionné de ses fonctions comme le veut la constitution malagasy pour se présenter à sa succession en 2018. L’histoire reste toujours subjective puisque tous les malagasy n’ont pas oublié que sa démission a fait suite à la pression populaire et à l’aversion forte qui pesait sur son régime. Cette pondération est également de mise sur la mission d’observation à Lomé, capitale Togolaise, car Faure Gnassingbé réélu depuis quelques jours, dès le premier tour, est un Président très contesté dans un pays en crise où associer son image politique n’est pas nécessairement un faire-valoir. Rappelons à nos internautes, la famille Gnassingbé est au pouvoir depuis un demi-siècle au Togo où le fils Faure a déjà à son actif 15 ans de pouvoir cumulé qui pourra maintenant, être étendu à 20 ans sûre, voire 25 ans comme la constitution nouvellement votée en 2019, lui permet. Quand bien même, le leader de HVM est soumis à un devoir de réserve et de neutralité, il aura participé ainsi à la réélection d’un homme contesté et loin d’incarner la démocratie. Ceci étant, Hery Rajaonarimampianina ne l’entend pas de cette oreille et son parti HVM souhaite rester sur le thème de la bonne gouvernance avec un débat qui a été organisé le 24 février au Carlton à Anosy, avec un sujet prégnant : « Etat de droit, garant du développement ».
Le TIM de Marc Ravalomanana souhaite aussi jouer sa partition mais opte pour les bonnes vieilles méthodes avec la part belle toujours accordée, à l’appareil politique – un recours nécessaire cela dit et donc la mise en avant du parti. Cependant, il semblerait qu’il y ait des envies de régénérer les hommes dont les cadres du parti et encore plus surprenant, la préparation de la succession de Marc Ravalomanana comme il se murmure dans la coulisse. Cela a aussi le mérite d’être souligné dans notre pays où les partis sont le fruit d’un homme et le temps de « promotion » ou de propulsion d’un seul homme. L’élan de jeunisme au sein du nouveau gouvernement a semble-t-il créé une émulation.
L’opposition est entrain de murir même si elle en est encore qu’à ses balbutiements, et le partage d’une analyse à ce stade du quinquennat apparait encore précoce, mais nous sommes davantage solidifiés pour parler d’une démocratie effective à Madagascar. Fini le 13 mai, place au débat public.
Grégory SILENY, Éditorialiste.
[1] Mission d’Observation électorale de l’Union Africaine (MOEUA)
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