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L’insécurité, l’écharde sous le pied de Rajoelina

L’insécurité, l’écharde sous le pied de Rajoelina
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Mandry andriran’antsy

Nous vivons dans une période d’insécurité grandissante à Madagascar. À la tombée de la nuit, toutes sortes de malfaiteurs, brigands et dahalo, aussi bien en milieu urbain qu’en zone rurale sortent de leur tanière, comme des animaux prédateurs de nuit, chassant leurs proies, spoliant des biens et arrachant des vies. Si l’on jette un coup d’œil sur les unes de la presse locale, on aurait tendance à croire que le journalisme Malagasy vire au sensationnel, mais toujours est-il que les faits sont là. Ils racontent presque chaque jour, une agression par ici, un bain de sang la-bas, décrivant des scènes de violence de plus en plus sanglantes. Parallèlement, une forme de concentration mémorielle collective se met en place chez une population apeurée qui se résout à changer son mode de vie : celui qui veut voyager la nuit doit s’organiser à programmer un voyage groupé, en caravane de nuit. Fait terrifiant, la population s’accommode à arrêter toutes formes de vie sociale au coucher du soleil. Avec le temps, on assiste progressivement à une banalisation de la violence, la justice cède sa place aux vindictes populaires, aux bavures policières, aux arrestations arbitraires, jusqu’à la commercialisation de la peur, favorisant le développement des sociétés et pléthore d’agences de sécurité. Beaucoup d’enfants malgaches grandissent dans une ambiance de peur. Quant aux plus riches, ils sont terrorisés par les rapts et demandes de rançon. Presque tout le monde est saisi par la peur. Les inégalités sont criantes, les nantis vivent en se barricadant dans leur lotissement alors que le peuple est exposé, démuni de protection.

Un défi gigantesque

La vie quotidienne des Malagasy tendent à démontrer que l’insécurité est une réalité grandissante à Madagascar, il y a beaucoup trop de violence pour se sentir en sécurité. Ce constat amer révèle non seulement l’impuissance de l’État mais aussi l’incapacité des régimes successifs à trouver des solutions effectives et durables. Les politiques ont complètement négligées les problèmes que posent l’insécurité. Les conséquences sont multiples : l’insécurité,  la peur de sortir le soir asphyxie la liberté de circulation, on assiste à une baisse de la qualité de vie des Malagasy. Aussi collectivement, l’insécurité freine l’essor économique du pays. Un environnement entrepreneurial instable peut paralyser et réduire à néant les investissements. Par exemple, le secteur du tourisme pourrait être influencé par la façon dont les médias rapportent les actes de violence.

La protection des Malagasy est l’un des devoirs suprêmes d’un chef d’État. Andry RAJOELINA doit trouver pendant son quinquennat des solutions concrètes et efficaces face à l’impératif de l’insécurité qui se présente comme une écharde sous ses pieds.

Beaucoup de questions restent sans réponse aujourd’hui :

  • Réussira-t-il à changer le cours de l’histoire en élevant le niveau de protection des malagasy face aux actes barbares qui doivent être punis et dissuadés ?
  • Quels sont les instruments les plus adaptés pour lutter contre la violence ?
  • Qu’est-ce qu’il fera pour protéger la population face aux individus lourdement armés ?
  • Quelles approches adopter pour mettre fin à l’insécurité ?
  • Comment assurer la mise en œuvre d’une politique de prévention de la violence et la peur en zones rurales et urbaines ?
  • Quelle est la politique sécuritaire du gouvernement ?

Le défi est gigantesque : rétablir la sécurité dans les villes et villages de Madagascar. Les Malagasy aspirent sûrement et vivement à une vie plus douce.

1 Mandry andriran’antsy : Expression Malagasy : On ne se sent plus en sécurité qu’en dormant avec un couteau avec soi (à cause de la peur et de la violence).

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