Régionales : Et si l’abstention envoyait un autre signe au peuple ?
CO-FONDATEUR & REDACTEUR EN CHEF
Spécialisé dans la communication et l’analyse politique. Il intervient notamment sur les médias spécialisés sur l’Afrique.
gregory.sileny@madagascar-media.com
L’heure est au rejet pour la classe politique française. La majorité présidentielle cristallise toutes les critiques, le rassemblement national perd, « semble-t-il », de son influence tandis que les partis traditionnels sont réhabilités avec des scores, jugés faméliques.
La démocratie va susciter un nouvel affront, en France, avec des Présidents de Départements et Régions, mal élus, 15 % pour Valérie Pécresse en Île-de-France si on y impute l’abstention dans le décompte des électeurs et 16,8 % pour Xavier Bertrand dans la région des Hauts de France ce qui va renforcer indéniablement le poids des opposants au système. Les réels vainqueurs, ce sont eux : les anti-mondialistes, les « laissés pour compte », les « incrédules » qui pour certains d’entre eux se sont reconvertis en abstentionnistes, le temps d’une élection. Ces dernières échéances électorales avant la grande joute des présidentielles donnent le ton. La politique désintéresse profondément les Français, depuis un référendum pour une constitution européenne, en 2005. Si une frange a voulu croire à l’impétueux Nicolas Sarkozy, qui lui-même a été rejeté de manière cinglante à une primaire pour les élections présidentielles de 2017, François Hollande contraint à ne pas se représenter pour éviter l’affront politique et Emmanuel Macron qui semble destiner vers ce chemin si étroit entre un retrait forcé comme son prédécesseur ou se présenter au risque d’être sanctionné par les urnes. Ceci étant, si une « désobéissance » générale est dominante en France, autrement dit le refus permanent de se soumettre à toute forme d’autorité et à rejeter toute forme d’élite ; cette désobéissance trouve aussi ses racines parmi l’intelligentsia, composée de ses deux têtes de gondole : Eric Zemmour et Michel Onfray. Ce dernier venait presque à expliquer l’inexplicable avec cette gifle adressée à Emmanuel Macron, jugée presque légitime sous prétexte que l’homme fort de la nation aurait le tort de désacraliser lui-même la fonction présidentielle.
Jusqu’à quel drame, sociétal, politique ou économique, cette débandade française va-t-elle être menée ?
Peut-être, dans le fond, cette abstention record devient un signal pour la société civile. Peut-être, il convient désormais que la contestation incarnée par les gilets jaunes se décuple, se politise, se saisisse du pouvoir qui semble si près, si « facilement » atteignable. Si une élection se gagne en centaine de milliers de votes recueillis, les départements et les régions ne doivent plus devenir l’apanage d’une « élite ». Le message de ces élections se situe « peut-être » à ce niveau. Si le peuple ne veut plus être infantilisé, être perçu comme l’enfant terrible qui vient montrer ouvertement son mécontentement du pouvoir incarné par une élite, il se doit de franchir le pas. La démocratie offre aussi l’opportunité à ses membres de pouvoir exister. Le mouvement En Marche a été le révélateur que la société civile peut participer à un renouvellement de la classe politique. Ainsi les abstentionnistes seront comptés au même titre que les autres, en devenant cette fois-ci acteurs de la vie politique.