Objectif 2020 : Tracer les voies pour sortir de la pauvreté
Andry Rajoelina se sait très attendu sur deux politiques majeures, en cette année 2020. La réalisation d’infrastructures – une priorité du Président de la République – plus que nécessaire pour le développement de l’économie malgache, et la lutte contre la pauvreté pour favoriser l’émergence d’une population ayant de meilleures conditions de vie, ce sont les métronomes de la présidence et du gouvernement toujours emmené sous l’égide de Christian Ntsay. A l’heure où l’État fait un appel national pour dynamiser son appareil par la présence et le recrutement de nouveaux talents et experts capables de redresser le pays avec célérité, Madagascar souffre encore de deux maux qui ne sont pas souvent répétés et enseignés à l’ensemble de sa population, qui sont l’indigence de son économie et la carence du service public. En premier lieu, l’économie nationale ne produit que 12 milliards de dollars de richesse par an, soit le cinquième pays du monde à avoir un produit intérieur brut par habitant aussi faible, avec 471 dollars par habitant. Dans un excès de provocation, une somme qui équivaut au minima social mensuel, plus connu sous le nom Revenu des solidarités actives (RSA), en France. Toujours en France, où réside une grande majorité de la diaspora malgache, le PIB par habitant atteint 39200 euros, avec une richesse nationale à 2.5 billions de dollars. Loin l’idée de se livrer à une comparaison sur le plan économique avec la France, augmenter la richesse du pays s’impose toutefois comme un défi pour tous les acteurs de la société malgache, l’Etat, les entreprises, les associations, les ménages. En deuxième lieu, l’autre carence qui impacte Madagascar, est assez obscure pour la population et pourtant non des moindres, le problème de « sous administration » malagasy. Le service public demeure insuffisant, empêchant d’être proche des réalités sociales de la majorité de la population, habitant en ruralité, et aussi leur apporter un filet de sécurité plus qu’impératif alors que plus de 70% de sa population vit avec moins de 2 dollars par jour.
Des politiques allant à l’encontre des intérêts malgaches
Il y a ce qu’on a appelé la réforme de première génération, durant la période des ajustements structurels prônés par la Banque mondiale, imprégnée d’une idéologie basée sur une restriction budgétaire et une diminution du nombre de fonctionnaires. L’idéologie libérale tant voulue par les acteurs institutionnels et internationaux, c’est moins d’État, donc moins de service public, moins de fonctionnaires dans un pays où la population est fragile et en attente de politiques de protection sociale. En Afrique, l’administration publique occupe un taux faible en lien avec sa population et Madagascar n’échappe pas à cette règle avec une représentation administrative estimée à 2 ou 3% soit un fonctionnaire pour 100 habitants. La présence des investisseurs étrangers, des institutions internationales a été une récurrence au cours de la première année du quinquennat. Désormais, le curseur doit se déplacer vers ce qu’on appelle en économie les agents économiques. Autrement dit les acteurs malgaches doivent reprendre leur place à commencer par les deux plus gros d’entre eux les entreprises et industriels et l’État en tant qu’administration publique décentralisée. Après ça, viendra alors la diminution réelle et visible de la pauvreté et l’accroissement des richesses nationales.
Grégory SILENY, Editorialiste.
[1] Une étude financée par la Banque mondiale a été lancée pour ressortir des chiffres fiables au sujet de cette pauvreté endémique.
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