La JIRAMA : L’éternel casse-tête de Madagascar
À Madagascar, les citoyens vivent quotidiennement dans une obscurité qui est devenue presque « normale ». Pour les plus amnésiques, cette situation rappelle que l’entreprise nationale de l’électricité et de l’eau, la Jirama, semble poser plus de problèmes qu’elle n’apporte de solutions à moyen et long terme. Quel que soit le gouvernement ou la présidence en exercice, le délestage reste une constante, ébranlant la crédibilité des dirigeants face à des résultats sans équivoque attribués à la Jirama. Pourtant, il s’agit d’un sujet fondamental qui doit être une priorité absolue. Aujourd’hui, Madagascar fait face à des retards dans l’acheminement du carburant, à la vétusté des infrastructures et à la sécheresse des cours d’eau. Historiquement, les difficultés notables de la Jirama remontent à plus de trente ans, dans les années 1980. C’est à cette époque que la société a commencé à échouer à opérer les changements nécessaires en matière d’investissements. La Jirama n’a pas pu répondre aux besoins croissants en électricité, une période qui coïncide avec les ajustements structurels ayant impacté l’économie malgache. Dans les années 2000, la corruption a aggravé la situation, tandis que la dépendance de la Jirama aux énergies fossiles est devenue un autre fardeau.
Un faux espoir ?
En mai 2024, la Jirama semblait sur le point de connaître un tournant avec l’arrivée d’un nouveau directeur général, Ron Weiss. Ce dernier pouvait se targuer d’avoir redressé l’entreprise nationale d’électricité du Rwanda avec des résultats probants. En 2008, seuls 6 % des Rwandais avaient accès à l’électricité, un chiffre qui est passé à 77 % en 2024. Forte de cette réputation, l’arrivée de Ron Weiss à la tête de la Jirama suscitait un espoir considérable. Ses objectifs annoncés, tels que la satisfaction des clients, le redressement financier de la Jirama et la transition énergétique, renforçaient encore cet optimisme. Pourtant, quelques mois plus tard, Weiss a réalisé l’ampleur de la tâche, sans doute exacerbée par la difficulté à collaborer avec l’État.
Travailler dans l’urgence au détriment d’une véritable stratégie ?
Lors d’une réunion entre une délégation malgache et l’équipe du Groupe Tebian Electric Apparatus, dirigée par Zhang Xin, le 7 Septembre 2024, le président Andry Rajoelina,a insisté sur la nécessité de rénover le secteur énergétique à Madagascar. De nombreux observateurs soulignent que les équipements électriques du pays sont vétustes et ne répondent plus aux besoins des habitants d’Antananarivo. Le président a précisé que ces infrastructures avaient été conçues pour desservir 300 000 personnes, alors que la population actuelle de la capitale est estimée à plus de 3 millions, avec seulement 60 % d’entre eux ayant accès à l’électricité. En outre, la vétusté des équipements entraîne des pertes d’environ 30 % de l’électricité produite, ce qui explique les nombreux dysfonctionnements dans la distribution.
Avant d’engager tout projet, il est essentiel de donner la priorité à l’électricité, au même titre que l’accès à l’eau ou encore la lutte contre la pauvreté. Ces besoins fondamentaux doivent être résolus en urgence avant de lancer des initiatives, certes importantes, mais qui ne doivent pas monopoliser et polariser tous les investissements.