Covid-19 Madagascar – Le confinement et la souffrance des plus démunis
Par Fabien RAZAKANDRAINIBE, Éditorialiste.
L’appel au confinement ne passe pas
Si dans le monde, environ un humain sur deux est actuellement confiné, à Madagascar les appels des autorités sanitaires et des dirigeants gouvernementaux à rester à la maison ne passent pas chez toute la population, notamment chez les plus démunis. Alors que le Covid-19 se répand inexorablement comme une traînée de poudre dans l’île, devons-nous nous attendre à une catastrophe sanitaire annoncée ? Pourquoi le message du confinement ne passe pas ? La stratégie de confinement est-elle « compatible » avec le contexte social du Pays ? Si oui, comment mettre en place des mesures de préventions efficaces pour accompagner et protéger les plus faibles et les plus fragiles ?
La réalité chez les plus pauvres
L’intervention quotidienne de Rajoelina donne une portée nationale du message à transmettre, mais sa voix est mise à rude épreuve. Comment demander à une population déjà mal nourrie et sans argent à rester chez eux ? Pour de nombreux malgaches, on vit au jour le jour, on cherche ce qui est à manger aujourd’hui. Que ce soit pour acheter à manger ou trouver à manger pour la journée mais aussi pour le jour d’après et ainsi de suite, la souffrance des plus démunis est palpable et se cristallise dans leur incapacité à respecter le confinement demandé. Sortir dehors relève de la survie-même d’une famille, comment rester à la maison et regarder son fils ou sa fille affamé sans rien faire ? Pour les plus vulnérables, rester chez soi est une souffrance insurmontable. Le pays n’est qu’au début de sa réponse pour contenir et maitriser la propagation du Covid-19, la période de confinement va sûrement être prolongée au-delà des 15 jours. Comment alors assurer des revenus, apporter de la nourriture à ceux et celles qui ont perdus leur emploi et n’ont rien à manger ni provisions suffisantes pour chaque jour mais aussi sur le long terme pour que les plus faibles puissent traverser cette crise sanitaire d’une manière sereine ?
Le Fihavanana comme solution nationale
L’unité nationale est une voie possible pour sauver des vies en cette période de crise. Retrouver notre si chère valeur : le Fihavanana Malagasy. Se mobiliser pour faire face ensemble à la pandémie croissante de coronavirus. Des initiatives sont lancées aussi bien localement, avec la participation des grandes entreprises, mais aussi de la diaspora. Nous ne sommes qu’au début de la pandémie à Madagascar, les initiatives solidaires devraient se multiplier à travers l’île et aussi être soutenues par la diaspora. Qu’est-ce qu’ils ont besoin les plus pauvres et les plus démunis ? De l’argent et des produits de premières nécessités, pour tenir non seulement pour une journée mais pour toute la durée du confinement et même au-delà lors du déconfinement. C’est donc d’une aide substantielle durable dans le temps dont ils ont besoin. Ils ont besoin d’un peu de réconfort dans leur quotidien déjà stressant mais aussi jour pour les soutenir dans leur désarroi et pour qu’enfin l’assurance d’une aide et de soutien acquise sera le garant d’une écoute et d’adhésion à l’appel à rester chez soi. Les messages de prévention doivent être couplés par des mesures de lutte durables contre la faim chez les plus vulnérables.
Appel à la créativité
Cette grande crise sanitaire fait donc appel à développer chez chacun d’entre nous notre potentiel de créativité et d’imagination solidaires. C’est une opportunité pour penser des solutions solidaires, faire différemment ensemble, dans l’unité nationale. Retrouver le Soatoavina Malagasy, appliquer au sens de la lettre le cortège des valeurs inhérentes au Fihavanana, le cœur même de notre malgacheité. Ainsi nous pourrons mettre en place des cordons de solidarités dans tout le pays, ne pas oublier les plus pauvres, ne pas fermer les yeux sur leurs souffrances.
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