Comment restaurer Madagascar ?
Parmi les vagues d’indépendances qui gagnèrent l’Afrique entre juin et décembre 1960, Madagascar fut le premier pays africain à s’affirmer contre le colonialisme Français, à cette période. Madagascar a subi plus d’un demi-siècle de colonisation. Cette émancipation était nourrie de rêves, de progrès, de lumières et de développement. Mais très vite, cette liberté chancelle. Les malgaches vont vivre des années d’illusions et de désillusions rendant friable l’indépendance. Certains politiciens locaux affirment même que Madagascar n’est pas un pays pauvre mais appauvrie.
La colonisation a changé de forme, sous les allures d’une action de solidarité ou de coopération internationale, d’aides au développement ou de missions civilisatrices. Le néo-colonialisme visait de nombreux pays, y compris Madagascar, dépendant des aides extérieures les maintenant à un état de subordination, pour les enfoncer dans le dénuement total. Sans enlever les responsabilités des ploutocrates népotiques malgaches1, il faut reconnaître que la colonisation a laissé de nombreuses blessures. Elles peuvent être culturelles, territoriales et économiques. Les identifier nous permettrait d’esquisser les futurs axes de restauration du pays.
Restauration culturelle
Le monde connu des Malgaches disparut quand les colons ont lancé leur programme d’acculturation imposée. Le champ culturel malgache a été marqué au fer de la transgression. On assistait à une déstructuration de la société Malgache, la diversité était utilisée comme moyen de diviser et d’hiérarchiser les différentes ethnies du pays. Le « sacré malgache » était profané. L’âme du pays et l’art d’être malgache étaient piétinés. Le moment est donc venu de retrouver ce qui a été perdu, non pas en accusant le passé mais notre responsabilité est de nous réapproprier à nouveau notre culture pour en faire une fierté nationale. Sortir de la confusion culturelle actuelle et re affirmer tous les éléments d’identités culturelles malgache. Pour retrouver le chemin du développement harmonieux nous devrions nous réconcilier avec notre histoire et notre culture, reconnaître nos différences sans pour autant les utiliser comme expression de différenciation mais plutôt de richesse et de diversité. Nous ne sommes qu’un, une île un peuple une nation. Cette composante culturelle pourrait être un levier de développement et d’enrichissement mutuel entres les différents groupes ethniques de l’île.
Restauration territoriale
L’intégrité territoriale est la première expression de la souveraineté d’une nation. Juste quelques mois avant la décolonisation, Madagascar était coupé de ses biens, des îles malgaches de l’Océan Indien. Alors que ces îles sont et font Madagascar avec ou sans moyens de les gérer, le retour de ces îles à Madagascar serait un acte fort de restauration de la fierté nationale, enfoui depuis plus de 60 ans maintenant. Certains de nos dirigeants politiques ont fait des erreurs dans le passé. Mais celles-ci sont des outils puissants pour repartir de bon pied et réclamer notre intégrité territoriale. A l’heure de la mondialisation, il est inconcevable et impensable de revivre la colonisation. Aussi impuissant que nous sommes, nous devrons exprimer clairement, avec courage et amour la plus haute importance de réacquérir ces îles. Nos ancêtres y étaient depuis des siècles et la sacralité des ces îles ne doivent pas être perdue à jamais.
Restauration économique
Le pays est riche il faut se le dire, c’est à partir de cette affirmation que nous devrons enseigner à la génération actuelle et toutes celles à venir. Cette affirmation nécessite une vision, une responsabilité et des actions. Madagascar connait actuellement un Momentum, c’est le temps propice pour mettre en place et en œuvre des actions pour restaurer l’économie de la nation. Nous sommes en capacité de faire mieux que l’île Maurice, aller plus loin que l’Afrique du Sud et de défier tout autre grand pays Africain. Tous les malgaches doivent prendre part dans ce nouvel élan tant espéré, pour rentrer pleinement dans cette nouvelle vague d’émergence. Il est temps de prendre les risques et oser entreprendre. Cultiver une nouvelle mentalité d’entrepreneur. Le succès est à notre portée.
Fabien Gaston RAZAKANDRAINIBE, Editorialiste.
[1] Régime politique où les plus riches sont au pouvoir et dans lequel le dirigeant favorise les membres de sa famille en leur octroyant des pouvoirs et des postes alors qu’ils n’ont pas la compétence pour les remplir.
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