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A quoi pensent les Malgaches ?

A quoi pensent les Malgaches ?
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Depuis l’avènement de cette pandémie de Covid-19 sans précédent, dans ses conséquences économiques et sociales ainsi que ses incertitudes très fortes, toute l’humanité a vécu un événement unique : d’une manière ou d’une autre aucun continent n’a échappé au confinement. C’était un moment commun où nous étions forcés à nous arrêter, une invitation à réfléchir et penser à ce que nous avons fait, ce qui nous définit aujourd’hui et aussi à penser et imaginer le futur.

Alors qu’une nouvelle année va bientôt commencer, à quoi pensent les Malgaches, à l’issue de cette année extraordinaire ? Nous nous livrons ici à les exprimer par le « je », et ce « je » c’est toi, moi, nous, ils, elles et eux à la fois, pour marquer la profondeur et l’importance de chaque pensée. Es pensées partagées entre tristesse et espoir.

Penser ce qui ne va pas

Je pense que le pays va très mal comme une personne malade sans ressources pour pouvoir se soigner, démunie et pauvre. Elle ne sait pas quoi faire quand il faut apporter par elle-même les médicaments à l’hôpital.
Je pense à ce pays où la laideur et la beauté se côtoient, où la pauvreté et la richesse sont voisines. La crasse du pauvre, et la propreté raffinée et distante du riche, se trouvent dans la même peau. Comment font-ils pour accepter tant d’inégalités ? Il faut bien être endurci pour être riche, pour être insensible à tous ces insoutenables contrastes. Comment ils font pour s’accommoder de cette injustice de proximité ?

Je pense à ces malgaches qui ne savent pas ce qu’ils vont manger demain, au Kere dans le grand sud, une famine éclipsée par la crise sanitaire, avec une indifférence générale.

Je pense que les droits des enfants à Madagascar ne sont pas respectés, les enfants ne sont pas protégés, ils sont tellement vulnérables. Je pense à ces bébés violés, aux traumatismes qui vont les impacter à vie. La situation de crise rend-elle les gens fou ?

Je pense à ces violences, à l’insécurité, aux dahalo, aux violents braquages meurtriers, aux Hold-Up, aux vies brisées et aux familles dévastées.
Je pense qu’il y a trop mensonges et de corruption. Toutes les strates administratives et sociales en sont contaminées. Les gens sont endormis et happés comme pris au piège dans une toile d’araignée.

Je pense que ce pays aime voir son autodestruction en face, il brûle ses forêts, coupe et vend ses arbres précieux et endémiques, tue et mange ses lémuriens, pollue son environnement, saccage et détruit son patrimoine culturel sur l’autel de la mondialisation et de l’uniformisation forcée.
Sans le savoir, il crache sur lui-même.

Je pense que les malgaches ont peur de réussir et aussi de la réussite des autres, alors ils sabotent, empêchent et imitent. Jusqu’à quand ils jalouseront les réussites de ses enfants.

Je pense que le chacun pour soi prend de plus en plus de terrain, les gens qui arrivent au pouvoir ne se cachent pas pour s’enrichir et amasser le maximum de richesses pour eux, pour leurs enfants, pour leur famille. La politique est un métier pour eux. Ce n’est plus un acte noble, un service.
La plupart des politiques ont perdu la notion de mission, de vision, de service pour le plus grand nombre.

Penser l’espoir

Je pense et me rappelle aussi que c’est dans le chaos que naîtra l’espoir. Je pense à la phrase d’Edgar Morin : « Dans l’incertitude il n’y a pas que du danger mais il y a aussi l’espoir ».

Je pense qu’il y a des bâtisseurs d’espoirs, des gens qui s’accrochent malgré les bâtons dans les roues, les obstacles et les pièges qu’on leur tend.
Je pense au courage et à la résilience des agriculteurs qui affrontent les duretés des saisons. Ils bravent la période de soudure avec détermination et patience.

Je pense à la fragilisation de notre société et ceux qui luttent à ce que tout l’édifice ne s’écroule pas. Des gens qui se préoccupent des autres, dévoués et altruistes.

Je pense à ces enfants qui marchent 2h, voire 3h pour aller à l’école, pour apprendre, acquérir des savoirs et connaître le monde. Conscients de l’avenir qui s’ouvre à eux, ils sont comme des graines qu’on sème et deviendront des grands arbres. Je pense à tous ceux qui se mettent en route pour un avenir meilleur.

Je pense qu’un jour, on arrivera à faire briller la lumière, et vaincre les forces noires, les passions folles qui maintiennent et bâillonnent tant de gens leur empêchant d’agir et de parler librement.

Je pense aux destructions progressives de tous les tissus socio-économiques et culturels du pays, mais aussi la volonté et le travail de ceux et celles qui construisent, reconstruisent inventent et réinventent chaque jour sans relâche, sans reculer et sans peur.

Je pense que les autres nous perçoivent comme des incapables, pauvres, arriérés mais ils sont plus nombreux ceux qui croient en nous, ont confiance en nous. Je pense à ceux et celles qui créent des savoirs, des compétences, des emplois. Je pense à tous ceux qui sauvent des vies, Ils font la beauté de ce pays.

Je pense à une île verte.

Je pense que toutes ces pensées mélangées ne définissent pas à elles seules, si elles sont  prises isolément, le pays réel.


Je pense que je ne sais rien.

Je pense et je garde simplement de l’espoir pour mon pays.
Je pense que le pays à toutes les ressources et les leviers pour l’émergence à venir.

Je pense qu’une nouvelle génération de bâtisseurs et d’innovateurs arrivera un jour au pouvoir et  réinventera  ce pays.

Je pense que dans les villages reculées de Madagascar, il y a et aura toujours des enfants qui rêvent et un jour ils trouveront la voie de la réussite.
On chantera des chants de victoire et on sera fiers à nouveau de ce que nous sommes.

Je pense que nous arriverons un jour à faire Nation.

Je pense que nous accepterons notre histoire et à faire la paix avec notre passé notre histoire et arriverons à construire notre futur.

Je pense que ce pays retrouvera son âme véritable et apportera à l’humanité sa raison d’être. Je pense que la solidarité s’imposera.

Je pense que chaque malgache retrouvera le désir de trouver une vie commune heureuse sans haine et sans violence.

Je pense que l’espérance est là et que ce pays trouvera un jour un avenir meilleur.

Je pense que les enfants de ce pays arriveront à aimer la réussite et la réussite des autres, ils s’inspireront les uns les autres

Je pense que ce pays connaîtra sa renommée et son rayonnement mondial, positif et glorieux.

Je pense Madagascar.

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