Madagascar, une société à réinventer
Combattre les inégalités
Partout où on va sur l’île on assiste au triomphe des inégalités, elles deviennent de plus en plus évidentes à la mesure que l’on arrive dans les grandes villes où se côtoient les riches et les pauvres. Deux mondes parallèles se dressent avec un écart qui se creuse progressivement. En 1996, un des grands dirigeant africain, Nelson Mandela disait : « Nous devons travailler ensemble pour assurer une distribution équitable des richesses, des opportunités et des pouvoirs dans notre société ». Ces propos s’appliquent aussi à Madagascar. La société Malgache a besoin de se réinventer. De la même manière dont le pays a besoin de régénérer une nouvelle pensée politique, une nouvelle politique sociale doit voir le jour pour réduire les inégalités aussi bien en zones rurales qu’en zones urbaines. Avec l’économie, et l’environnement, le volet social est l’une des trois dimensions que chaque pays doit promouvoir dans le cadre des objectifs de développement durable.
Échec des politiques sociales
Sans parler des inégalités d’accès aux soins, l’éducation est un champ qui illustre parfaitement l’inégalité à Madagascar. Aujourd’hui, pour un Malgache, il est devenu très extrêmement difficile de poursuivre ses études à l’université, tant les obstacles sont nombreux. Ils peuvent être d’ordre matériels et financiers. De surcroît, l’accès à des formations dispensées dans les grandes écoles sont réservées uniquement à un groupe d’individus issus d’une classe sociale aisée. La sélection naturelle par l’argent s’opère comme si c’était la seule normalité connue, accentuant et renforçant ainsi les inégalités. Les riches restent riches et continuent à s’enrichir, tandis que les pauvres restent pauvres et continuent à s’appauvrir. Les inégalités observées dans les campagnes et les villes ne font que refléter l’échec des politiques sociales de ces 60 dernières années.
Coupler la croissance économique avec la croissance sociale
Le dernier Memorandum de la Banque Mondiale datant du 13 février dernier stipule que Madagascar serait dans un momentum d’une bonne croissance économique. La situation économique du pays semble s’améliorer avec une croissance avoisinant les 5% depuis ces deux dernières années. Mais la croissance inclusive n’est pas au rendez-vous. Il est clair qu’une croissance économique seule ne pourrait pas bénéficier aux pauvres, au contraire, un libéralisme excessif pourrait les nuire. L’inégalité sociale pourrait entrainer la marginalisation ou l’exclusion sociale d’une partie de la population. Selon le PNUD (Programme des Nations Unis pour de Développement), une forte inégalité entrainerait des conséquences particulièrement explosives, contribuant ainsi à des troubles et des tensions sociales voire même à des conflits armés.
Il est donc opportun mais aussi urgent de nous interroger sur la croissance inclusive du pays. Quelles politiques sociales mettre en place pour accompagner la future croissance du pays ? De quelles manières pouvons-nous répondre aux inégalités qui sont de nature complexe et multidimensionnelle. Des changements radicaux sont indispensables pour envoyer les signaux forts d’une politique volontariste avec des mesures anti-pauvreté et d’amélioration du bien-être social. Cette réinvention sociale doit être couplée avec la croissance économique à venir, par la mise en place d’une politique de redistribution des richesses et de croissance partagée pour ne laisser aucun malgache à l’abandon. Tout le monde a droit à sa part du gâteau.
Fabien RAZAKANDRAINIBE, Editorialiste.
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