Madagascar : Réapprendre la réussite
Par Fabien RAZAKANDRAINIBE, Éditorialiste.
Blocage social et culturel
La grande polémique qui s’est accompagnée du lancement du Covid Organics, un produit Vita Malagasy conçu par l’IMRA (Institut Malgache des Recherches Appliquées) pour prévenir du Covid-19 nous révèle des réactions qui ont des racines profondes et proviennent des anciennes structures de pensées, voire même des limites culturelles. Si la réaction internationale était prévisible, la réaction des Malagasy suscite beaucoup de questionnements. Comment expliquer le rejet d’un produit Vita Malagasy, conçu par un institut reconnu et fabriqué localement ? L’absence de cohésion nationale dans l’accueil de ce produit laisse penser à une véritable crise identitaire : on inspirerait plutôt confiance aux produits étrangers plutôt qu’aux produits Vita Malagasy. Au lieu de faire confiance à nos chercheurs locaux et valoriser les résultats de leur recherche, on voudrait plutôt les dénigrer. Il y a indirectement là un blocage social et culturel à abolir. Comment nous sommes arrivés là ?
On peut être Malagasy et réussir
La réponse à ces interrogations passe par l’émergence d’un nouveau référentiel de pensée, une refonte de notre façon de concevoir. La société Malgache devrait commencer à travailler sur l’affirmation suivante : « On peut être Malagasy et réussir ». Un produit Vita Malagasy peut rivaliser avec les produits occidentaux. Réapprendre la réussite demande une rupture avec la pensée majoritaire qui auto-sabote les malgaches, celle de se sous-estimer. C’est une rupture courageuse avec nos modes de pensées traditionnelles. La crise causée par le Covid-19 est une sorte de choc exogène, qui pourrait être salvateur pour les pays pauvres comme Madagascar, et pousserait à des nouvelles offres politiques, une nouvelle politique environnementale et avoir une politique industrielle innovante. Pour cela, il faudrait à la fois une prise de conscience de la gravité de la situation sanitaire dans le monde et un constat de la faiblesse de notre situation économique. Pourquoi les autres pays sont beaucoup plus autonomes que nous ? Comment ouvrir nos yeux sur notre dépendance vis-à-à-vis des autres pays alors que le potentiel de croissance et d’innovation du pays est indéniable ?
Nous disposons des leviers pour réussir
Du fait de l’extraordinaire originalité que le pays pourrait offrir à ses habitants et au monde entier, Madagascar peut vraiment miser sur la spécialisation internationale : Madagascar est un pays qui pourrait contrôler la production de certaines valeurs stratégiques : la réhabilitation des plantes médicinales, la transition agroécologique, l’économie verte etc.. Il s’agit donc de relancer l’économie du pays par une nouvelle politique industrielle verte, intelligente et spécifique mettant en avant les atouts dont le pays regorge, pour créer parallèlement une nouvelle dynamique de pensée de réussite. Il faudrait favoriser tout ce qui peut aider les malgaches à saisir cette pensée de réussite et abolir tout ce qui pourrait la nuire. C’est là où se trouve la force de l’innovation et de développement qui fera émerger des nouvelles idées. Madagascar n’a rien à perdre et a tout intérêt de valoriser le Vita Malagasy pour favoriser la croissance de la productivité du pays. Chaque Malagasy peut réussir. La révolution de pensée positive et de réussite est un vrai levier de croissance. l’État a un rôle important dans le pilotage de ce changement de paradigme en offrant une nouvelle réflexion sur des problèmes anciens et en insufflant la volonté de changer. Cette tâche est vaste et lente mais c’est dans l’intérêt de la nation. Elle fait appel à toutes les forces vives de la nation, des institutions, des enseignants, des entreprises etc. Le pays franchira certainement une étape nouvelle dans son histoire économique et culturelle. C’est une période passionnante pour la société malgache où nous rentrerions dans une nouvelle décade où nous pourrons montrer à nous-même et au monde notre capacité d’adopter des nouvelles pensées. C’est qui est sûr ce que nous disposons des leviers pour réussir, la réhabilitation de la phytothérapie en est un exemple.
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