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Madagascar : ne pas se tromper de combat

Madagascar : ne pas se tromper de combat
À Madagascar, la Génération Z bouscule l’ordre établi, rendant l’avenir du président Andry Rajoelina plus incertain que jamais. En quelques jours seulement, ce mouvement singulier par sa forme et son approche a réussi à faire chuter un gouvernement solidement installé depuis sept ans. Rien ne laissait présager une fin aussi brutale pour Christian Ntsay, Premier ministre depuis 2017. Désormais, les regards se tournent vers le sommet de l’État, où Rajoelina apparaît plus que jamais comme la cible de ce vent de contestation qui secoue le palais présidentiel.
Madagascar : ne pas se tromper de combat
Madagascar : ne pas se tromper de combat
Si le pays attend la nomination imminente d’un nouveau chef de gouvernement, cette manœuvre précipitée d’Andry Rajoelina ne semble pas en mesure d’apaiser la crise. Face à la détermination d’une jeunesse incrédule mais résolue, c’est un véritable changement de cap qui s’impose, loin des pratiques du passé. La population, elle, réclame des solutions concrètes : électricité, eau, soins de santé et nourriture. Rappelons qu’environ 75 % des Malgaches vivent sous le seuil de pauvreté – un chiffre devenu tristement banal. Les revendications de la Génération Z trouvent désormais un écho bien au-delà de ses rangs, ralliant progressivement l’ensemble de la société, syndicats en tête.
L’insularité de Madagascar a trop souvent engendré une gouvernance assoupie, tolérant carences et manquements dans la gestion des affaires publiques. Le pays peine toujours à déployer une véritable politique de redistribution, alors qu’il dispose d’atouts considérables dans l’agriculture, le tourisme, les services et surtout les ressources minières. Mais la mobilisation actuelle appelle aussi à la vigilance. Car si la soif de justice sociale est légitime, elle ne doit pas se faire au détriment des institutions. La Génération Z aurait tout intérêt à œuvrer pour renforcer les contre-pouvoirs et, si nécessaire, composer avec l’homme élu démocratiquement. Renverser un président n’est pas sans conséquence : l’instabilité politique pourrait décourager investisseurs, bailleurs de fonds et partenaires internationaux.
La conjoncture est déjà fragilisée par la perte des avantages liés à l’AGOA, non renouvelés depuis la politique nationaliste de Donald Trump. Dans ce contexte, l’ironie de l’histoire saute aux yeux : celui qui, en 2009, avait incarné la révolte d’une jeunesse contre Marc Ravalomanana est aujourd’hui confronté à une génération qui, quinze ans plus tard, menace à son tour d’abréger son mandat.

A propos de l'auteur

Gregory SILENY

CO-FONDATEUR & REDACTEUR EN CHEF
Spécialisé dans la communication et l'analyse politique. Il intervient notamment sur les médias spécialisés sur l'Afrique.
gregory.sileny@madagascar-media.com

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