Madagascar – France : A Châlons pour une autre coopération
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Spécialisé dans la communication et l’analyse politique. Il intervient notamment sur les médias spécialisés sur l’Afrique.
gregory.sileny@madagascar-media.com
À Châlons-en-Champagne, situé dans la région du Grand-Est, Madagascar disposait encore du privilège d’être à l’honneur au sein de la deuxième foire agricole de France, plus de 200 000 visiteurs sont attendus entre le 3 et le 12 septembre. Ancien chef-lieu de la Champagne-Ardenne, porte d’entrée au goût inimitable du champagne et mondialement reconnu, ce territoire viticole s’est aussi distingué pour être la seule ville à avoir accueilli un événement d’une telle envergure, ouvert au public en période de crise sanitaire. Si l’attrait de la région et les produits artisanaux avaient toute leur place notamment, comme à l’accoutumée, la politique étrangère comme sujet de discussion apparaissait moins évident, de prime abord. Pourtant, la politique « hors sol » a su s’inviter à la Foire, préconisant des réflexions plus que sérieuses, quant à l’avenir de Madagascar.
En effet, si la Françafrique trouble encore les relations franco-africaines, les 60 prochaines années doivent augurer inéluctablement de nouvelles façons d’agir, de concevoir et donc de préserver les intérêts communs. À Châlons, au cours de la Foire agricole, ayant débutée le 3 septembre et se clôturant le 12 septembre, la Députée française et Conseillère Régionale, Aina Kuric, originaire de Madagascar, a mis en exergue une autre forme de coopération, dans le cadre d’un salon dédié à la grande île. Il s’agit de la coopération décentralisée, un outil de codéveloppement qui consiste à mettre en relation des collectivités entre le Nord et le Sud dans une optique de transmettre un savoir faire sur des missions élémentaires comme l’accès à l’eau, l’assainissement ou encore le traitement des déchets. Si la coopération décentralisée se distingue des jumelages, apparaissant comme « l’ancien monde », ou encore dans un tout autre domaine, l’action humanitaire qui attise souvent la vindicte via des ONG « traditionnelles », le travail bilatéral rondement mené par des collectivités territoriales aux fonctionnements si différents, implique dans la chaîne de collaboration un acteur indispensable par le biais de l’association GESCOD. L’attelage, collectivité et association, expertise locale et relations internationales, a abouti à un résultat probant à Madagascar du côté de Mahajanga notamment. La ville de Mulhouse a contribué à une indépendance financière de Mahajanga, mettant un terme à des arriérés de salaires et en impulsant un volontarisme politique notamment sur le réseau routier ou encore l’informatisation de ses services.
Un regard local sur la politique étrangère
La coopération décentralisée change l’approche des relations bilatérales puisqu’elle s’appuie sur une volonté commune de mutualiser les synergies, agir concrètement sur le développement des pays du sud et se détacher de tout tribut historique, à l’instar du poids de la Françafrique. Du côté africain et malagasy, les autorités ont tout intérêt à s’approprier cet outil de coopération pour le généraliser à l’ensemble du territoire. Connaissant l’immensité de nombreux territoires du continent africain y compris Madagascar, l’absence de service public est devenue le terreau du terrorisme notamment, en plus de présenter une atteinte notoire à tout esprit de démocratie naissant. Sachant que pour le moment la France continue d’expérimenter à petite échelle ladite coopération décentralisée, cela doit désormais susciter chez les leaders africains des velléités de faire de cet outil un maillon essentiel d’un développement qui prend manifestement l’allure d’une innovation politique.