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MADAGASCAR : « Le défi de tourner définitivement la page de la pauvreté »

MADAGASCAR : « Le défi de tourner définitivement la page de la pauvreté »
Il y a des rapports qui dérangent, et si leur absence pouvait être envisagée, on s’en réjouirait sans doute davantage. La Banque mondiale vient de dresser un triste constat : Madagascar figure toujours parmi les cinq pays les plus pauvres au monde. En effet, 69 % de la population malgache est privée de services de base tels que les soins de santé, l’éducation et l’accès à des conditions sanitaires décentes. Bien que l’institution financière internationale reconnaisse une amélioration au cours des dernières années, avec une diminution de 9 points du taux de pauvreté, celle-ci continue d’affecter la majorité des Malgaches, avec une approche désormais multidimensionnelle de ce fléau. Ce dernier rapport, intitulé « Macro Poverty Outlook« , vient appuyer un autre publié en février 2024.
Alors, loin de nous l’idée d’accabler qui que ce soit, car fondamentalement, cette pauvreté structurelle perdure depuis le début des années 80, et aucun responsable politique n’a réussi à l’enrayer à Madagascar. Une analyse objective de la situation conduit à s’interroger sur l’origine de cette pauvreté dans un pays insulaire qui n’a jamais connu ni guerre, ni djihadisme, ni l’oppression d’une puissance sous-régionale.

Qui sont les responsables ?

La population malgache, tout comme l’opposition politique, se tourne naturellement vers Iavoloha, le palais présidentiel, pour identifier des coupables. Est-ce légitime ? Oui. Tout responsable politique, qu’il soit Président de la République, Premier ministre, ministre, gouverneur, préfet, député ou même maire, doit être profondément tourmenté par cette situation inacceptable, car cela touche directement à ses responsabilités et à la mission qui lui a été confiée. Andry Rajoelina a toujours martelé cette phrase chère à ses équipes : « Il ne s’agit pas de partir en mission, mais de réussir sa mission. ». Les dirigeants politiques sont conscients du défi majeur qui les attend lors de cette nouvelle mandature.

Cela dit, il ne faudrait pas se focaliser uniquement sur les politiques. Qu’en est-il des Malgaches qui constituent notre fleuron économique ? Dans une économie en voie de libéralisation, les opérateurs économiques n’ont-ils pas également leur part de responsabilité dans l’état actuel de la société malgasy ? Forbes révèle dans un rapport récent l’apparition de trois Malgaches parmi les plus grandes fortunes du continent africain. Il y a Ylias Akbaraly, à la tête de Redland Company Holding, reconnu comme la première fortune de Madagascar et la quatrième d’Afrique francophone, avec des actifs dépassant 1 milliard d’euros. Hassanein Hiridjee, quant à lui, emploie 8 000 personnes à travers ses diverses activités, tandis qu’Hasnaine Yavarhoussen, avec Filatex, a contribué à la création de 37 000 emplois.

MADAGASCAR : "Le défi de tourner définitivement la page de la pauvreté"
Madagascar a besoin de ces dirigeants pour qu’ils investissent davantage dans des entreprises et des start-up à l’échelle nationale. Plus de richesse entraîne un effet de ruissellement, et plus d’emplois contribueront à réduire la pauvreté. C’est pourquoi, si la pauvreté s’avère être une montagne, l’État doit, dès à présent, assurer l’accès aux services de base : l’eau, l’électricité, les soins et les produits alimentaires de première nécessité. Ensuite, une seconde politique devra suivre, celle de créer une dynamique propice à un cadre économique porteur de croissance et de développement.

A propos de l'auteur

Gregory SILENY

CO-FONDATEUR & REDACTEUR EN CHEF
Spécialisé dans la communication et l'analyse politique. Il intervient notamment sur les médias spécialisés sur l'Afrique.
gregory.sileny@madagascar-media.com

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