Madagascar : Apollo 21 , crise diplomatique ?

Gregory SILENY

CO-FONDATEUR & REDACTEUR EN CHEF

Spécialisé dans la communication et l’analyse politique. Il intervient notamment sur les médias spécialisés sur l’Afrique.
gregory.sileny@madagascar-media.com

La tentative d’assassinat qui a visé Andry Rajoelina est placée indirectement au centre des relations diplomatiques entre Madagascar et la France. La presse française ayant traité de cette affaire mettant aux prises deux de ses ressortissants Philippe Marc François et Paul Maillot Rafanoharana l’analyse comme un instrument de la crispation et des tensions entretenues par les deux pays. Si s’acheminer à des conclusions sur ce qu’il s’est réellement passé dans le cadre du projet nommé Apollo 21, nom emprunté au dieu grec de la lumière, est ô combien difficile, plusieurs points interrogent. Sur un plan politique, les chefs d’État à Madagascar font toujours l’objet de tentatives de renversement qu’il soit à un stade abouti ou embryonnaire. Aujourd’hui, le premier point d’étonnement, et non des moindres, se situe du côté du quai d’Orsay, installé dans un long mutisme au sujet de cette affaire impliquant deux de ses ressortissants, qui plus est, deux anciens militaires. 

Le témoignage de la fille de Philippe Marc François corrobore un relatif parti pris de la France, plutôt à l’encontre du prévenu. Cette absence de prise de position des autorités françaises en devient une par voie de conséquence. Cela ne participe pas à innocenter les deux Français dans cette affaire médiatique sans précédent. Lorsque nous prenons connaissance des motivations qui ont été à l’origine de l’installation de Philippe Marc François à Madagascar, elles ne sont pas évidentes, à savoir s’il s’agit d’une retraite dorée, une velléité d’investir à Madagascar. La réponse se situe davantage du côté de Paul Maillot Rafanoharana qui dispose d’un passé politique à son actif ce qui peut interroger légitimement dans les ramifications à ladite tentative d’assassinat. Le procès expéditif inhérent à cette affaire a établi des soupçons à tort ou à raison. Cependant, quel intérêt avait les autorités malagasy à dénoncer ou à médiatiser une telle affaire sur le plan diplomatique ? Aucun. 

Sur le fait que les coupables avaient des intentions d’investir le secteur de l’or, nous n’avons pas plus d’informations sur ce sujet, mais il a de quoi surprendre sur les proportions qui ont entouré cette affaire et de telles allégations in fine. Généralement dans les secteurs sensibles, il y a une omerta et une discrétion comme cela peut être le cas autour de l’or. Ceci s’accompagne de méthodes non avouables pour se débarrasser de toute forme de concurrence ; alors dans ce cas de figure, il y a fort à penser que cela se règle loin de l’espace public. In fine, si nous ne savons pas tout autour de cette affaire, elle suscite indéniablement beaucoup de questions encore aujourd’hui avec assurément des vérités qui resurgiront au fil des semaines et des mois ; et ladite affaire Apollo 21 ne participe pas à un climat serein et de confiance entre les deux pays amis.