Madagascar – Analyse : Repenser l’Histoire et la Gouvernance
Madagascar fait partie des pays les moins avancés au monde, avec un taux de pauvreté alarmant qui atteignait 80,7 % en 2023 selon le dernier classement de la Banque mondiale. La lutte contre la pauvreté devrait être une priorité pour les dirigeants malgaches, mais force est de constater que depuis les quatre à cinq successions démocratiques (celles de 1993, 2002, 2014 et 2019 étant les plus notables), les différentes idéologies et formes de gouvernance n’ont fait que précipiter le pays dans une situation de plus en plus critique.
La question fondamentale est donc : d’où vient cette pauvreté dans un pays doté de tant de sources potentielles de prospérité ?
Les Malgaches ont souvent tendance à se tourner vers leur passé récent, pointant la colonisation comme la source de leurs difficultés actuelles. Cette explication a une part de vérité, renforcée par les récents travaux des lauréats du prix Nobel d’économie 2023, Claudia Goldin, Daron Acemoglu et Simon Johnson, qui ont montré que la colonisation a profondément influencé la prospérité des pays touchés. Leur analyse met en lumière le fait que les nations colonisés ont connu un développement économique limité, les plaçant sur une trajectoire de pauvreté après le départ des colons. Ces travaux soulignent également que le rôle des institutions est fondamental pour le développement économique à long terme.
Cependant, si l’on examine de près la situation malgache, on observe que les institutions successives du pays ont elles-mêmes contribué à renforcer les inégalités. Pire encore, elles n’ont cessé de les aggraver. A Madagascar, la politique a souvent été utilisée comme un outil d’enrichissement personnel plutôt que comme un levier pour le développement national. Ce double fardeau, d’une part historique et d’autre part institutionnel, a conjugué ses effets pour conduire à la pauvreté chronique qui sévit aujourd’hui, non seulement à Madagascar, mais aussi dans de nombreux pays africains.
Albert Einstein l’a bien formulé : « La folie, c’est de faire toujours la même chose et de s’attendre à un résultat différent. »
Il est donc impératif de repenser notre relation à l’Histoire et notre manière de gouverner. Une refondation politique et économique s’impose. Il est certes nécessaire de dénoncer la corruption, l’ingérence étrangère et l’inefficacité des élites politiques à résoudre les problèmes socio-économiques du pays, mais il faut également reconnaître que le néocolonialisme économique, incarné par les institutions financières internationales et les multinationales, perpétue la dépendance du pays. Ce néocolonialisme entrave les efforts pour sortir de la pauvreté et limiter les possibilités de développement autonome.
Quelles seraient donc les solutions pour améliorer la situation politique et économique de Madagascar ? Voici trois pistes concrètes à explorer pour sortir de la pauvreté, centrées sur la souveraineté nationale et la justice sociale :
→ Sur la souveraineté nationale : Il est temps de repenser l’Histoire et retrouver la gloire d’antan de la Grande Ile. Retrouver l’indépendance économique et politique, où Madagascar reprendrait le contrôle de ses ressources naturelles et de ses décisions stratégiques sans influence extérieure.
→ En parallèle il faudrait également réformer les institutions ainsi que la gouvernance, vers une approche plus participative, favoriser la transparence, la responsabilité, et l’inclusion des citoyens dans la gouvernance, afin de contrer la corruption endémique.
→ Et enfin, assurer une approche territoriale, pour un développement endogène, un modèle de développement basé sur les besoins locaux, valorisant les ressources et savoir-faire locaux et régionaux plutôt que de se reposer sur les modèles économiques imposés de l’extérieur.