Les persifleurs du Covid-Organics
Par Gilles SOFIER, Éditorialiste.
L’annonce de la découverte d’un remède 100% malagasy, en grande pompe par Andry Rajoelina avait créé un sentiment mitigé. L’Afrique était enthousiasmée, l’Occident optait pour la méfiance saupoudrée d’un relatif pessimisme. La situation actuelle sanitaire que traversent les malagasy est devenue prétexte pour les « opposants » du Covid-Organics (ou CVO).
La découverte du Covid Organics, Tambavy (une décoction), a sonné comme une déclaration de guerre. Laboratoires pharmaceutiques, pays industrialisés, OMS, communautés scientifiques occidentales, tous se sont érigés en opposant du CVO. Plus qu’un remède, l’audace de Madagascar et l’alternative proposée à la médecine conventionnelle ont provoqué une frayeur. L’industrie des faux médicaments pèse aujourd’hui, 200 milliards de dollars sur le continent. Autre fléau devenu normal, qui empêche le développement des pays africains. L’indépendance, en fait et non théorique, à laquelle aspire Madagascar dans ce nouveau cycle économique et politique, qui a débuté depuis 2013, avec la fin des crises politiques, a ravivé un nouvel espoir. Sous cette pluie de louanges, œuvre du travail de l’IMRA, certains observateurs aguerris attendaient la contre-attaque prévisible des persifleurs. L’augmentation des cas confirmés atteints du Covid-19 a provoqué un torrent d’attaque à l’encontre du Covid-Organics. TV5 Monde s’interroge sur l’efficacité du CVO, « le Covid-Organics démontre-t-il son efficacité sur le terrain ? », le financial Afrik suit la tendance de la chaîne française avec son titre provocateur « le Covid Organics du Président Andry Rajoelina semble inefficace » le Nouvel Afrik titrait quant à lui « mais où est donc le Covid-Organics ? ». La corrélation entre montée des cas détectés du Covid-19 et bienfaits du CVO relève d’une certaine malhonnêteté intellectuelle. D’autant plus, seulement, un peu plus de cinquante décès ont été comptabilisés jusqu’à présent, victimes du Coronavirus depuis le début de la crise sanitaire. De fait, le taux de létalité reste encore très faible, à ce jour.
Le Covid-Organics ne peut se substituer à une politique publique de santé
Si un vaccin antigrippal n’empêche pas à lui tout seul de vaincre la propagation d’un virus, le CVO est semble-t-il une solution de l’IMRA sans pour autant être l’unique moyen d’éradiquer le virus. La population a souvent privilégié la survie économique aux dépens de la santé, un relâchement notoire a été constaté par certains observateurs dans le respect des gestes barrières et le port de « cache bouche ». Puis, Iavoloha déplore que la population ne prenne pas dans son intégralité le Covid-Organics. Outre cet argument institutionnel, il est toujours difficile sur chaque cas clinique de savoir les causes du virus. Si aucun argument scientifique ne vient remettre en cause le remède malgache, une chose est certaine : toute la problématique malagasy repose aujourd’hui sur sa prise en charge médicale qui est d’une relative indigence. Elle démontre l’impuissance du pays à déployer une politique structurelle depuis son indépendance pour mieux protéger sa population. Madagascar est ainsi obligé de s’en remettre à la réception de dons sur du matériel médical. La coordination de la politique du gouvernement est plus que nécessaire pour les urgences actuelles et les défis à venir.