Du bel usage de la langue malgache pour mieux la défendre
Selon l’UNESCO, 4% des langues ont disparu depuis 1950 et près de 40 % sont considérées comme menacées d’extinction. Nombreuses sont les causes entraînant la mort d’une langue. Nous pouvons en citer quelques-unes qui, selon les cas, favorisent la régression dans l’utilisation d’une langue menant jusqu’à sa disparition progressive : un génocide, une baisse du nombre d’utilisateurs, la dispersion géographique, l’émigration, les mariages mixtes et la dénatalité, la domination socio-économique, l’impuissance politique, l’impérialisme culturel, le bilinguisme. Notre histoire récente vient nous rappeler l’influence de la mondialisation, les nouvelles technologies et internet.
Qu’en est-il de l’usage de la langue malgache ?
C’est un triste constat, un de plus, que les malgacho- pessimistes souligneront. Car si on se penche de près sur l’utilisation du Malagasy au sein de la diaspora malgache, on assiste à un délaissement croissant de la langue Malgache chez les enfants. La diaspora Malagasy, contrairement à d’autres communautés, est remarquablement bien assimilée. Ainsi, ils renoncent à enseigner leur langue d’origine à leurs enfants. Mais, ce qui a de plus inquiétant, le même phénomène se produit au sein même de Madagascar ; il semblerait que la proportion de malgaches n’écrivant et ne parlant plus couramment et/ou correctement le Malagasy est en constante évolution. Il est temps de nous résoudre à accepter la proposition de mise en œuvre d’une politique linguistique par l’Académie Malgache, elle doit être prise au sérieux pour lutter contre la dégradation et l’effondrement du Malagasy.
Un futur assombri ?
Même si la langue malgache continue d’exister, du fait de notre insularité qui nous protège encore, mais jusqu’à quand ? Cette résistance est soutenue par d’innombrables initiatives, que ce soit au niveau local ou à l’international, des associations, des groupes et des nombreux malgaches se soulèvent, se regroupent, s’organisent pour défendre la langue et la culture malgache. Défendre une langue c’est avant tout la parler, la maîtriser et la connaître. Mais cela ne suffit pas, car sa survie est aussi tributaire de l’amour qu’on lui porte. L’aimer c’est goûter à sa douceur et à sa suavité tout en défendant son partage et sa transmission. Dévoiler ses mystères, ses secrets, et la redécouvrir comme un trésor caché. Sans cet amour-là, la langue malgache ne pénétrera pas votre cœur et votre pensée. Sans cet amour-là, vous ne pourrez jamais saisir et appréhender l’art d’être Malagasy. Parmi les actions qui promeut la langue Malagasy, on peut citer le magnifique ouvrage du poète et écrivain Abel Andriarimalala, un incontournable de la littérature Malgache : « Du bel usage de la langue malgache ». Un beau livre qui laisse transparaître de page en page l’âme du Malagasy. On y retrouve la beauté des mots ainsi que la joliesse de l’écriture, consignée dans 209 pages. S’il y a un livre qui devrait trôner dans votre bibliothèque, c’est incontestablement cet ouvrage délicieux. Laissez-vous donc séduire, une première défense à la durabilité de notre langue, en vous le procurant, il s’agit profondément d’une invitation à participer à la renaissance de la belle langue Malagasy.
Fabien Gaston RAZAKANDRAINIBE. Editorialiste,
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