Comment défendre la lecture à l’heure du déchainement numérique ?
CO-FONDATEUR & REDACTEUR EN CHEF
À l’heure de la numérisation forcée, conseiller d’offrir un livre semble être un conseil révolutionnaire, et pourtant lire est plus que jamais indispensable pour comprendre la marche et le rythme de notre monde effréné. Cette digitalisation de notre monde est une force irrésistible qui nous rejette, dans le « tout technologie » et nous pousse à nous éloigner des livres. Lire un livre devient alors une démarche archaïque pour accéder aux savoirs. Cela soulève de nombreuses questions sur notre rapport à ce monde et ce à quoi nourrissons-nous nos pensées et notre âme. Deux d’entre elles appellent notre attention : l’une est relative à la défense de la lecture, l’autre au refus de l’abrutissement généralisé causé par l’acculturation numérique.
Défendre la lecture
Lire est semblable à boire de l’eau comme notre corps en a besoin, à savoir au minimum 1,5 litre par jour. Lire est important et indispensable au développement équilibré de tout individu. Mais le déchainement numérique sur notre monde porte atteinte directement à la lecture. Tellement sollicités par de nombreuses distractions, nous n’avons plus le temps de lire un livre, de nous plonger dans le silence de la lecture et de faire voyager notre imaginaire. Lire aiguise nos pensées et façonne nos rêves. Le digital est en train de provoquer un véritable choc portant atteinte à la littérature mais il a aussi catalysé les attentions sur la nécessité de « défendre la lecture ». Pour ce Noël 2020, offrez un livre ou à défaut … une liseuse, offrez des crédits e-book, ou des livres à écouter, bien des meilleures façons de nous adapter à notre rapport à la lecture, à l’accès à la culture et à la littérature. Lire devient donc un mouvement que nous devons tous initier, continuer et renforcer. Défendre la lecture, c’est s’octroyer une autre alternative au tout numérique, la liberté de s’opposer à l’abrutissement généralisé causée par l’acculturation inhérente au numérique.
Refuser l’abrutissement généré par l’acculturation numérique
La seconde question a trait au refus de l’abrutissement généralisé et généré par le numérique. Le livre est un meilleur canal ou outil pour promouvoir la richesse de notre culture et saisir notre histoire. Donner, partager un livre ou des livres est un acte de refus de l’abrutissement généralisé. C’est pourquoi il est indispensable de multiplier les initiatives culturelles et littéraires pour motiver et encourager l’écriture et la fabrication des livres. Et favoriser ensuite leur distribution au plus grand nombre. À Madagascar, le projet Diary Nofy en est une parfaite illustration qui pousse à inventer d’autres manières de faire vivre la littérature pour les enfants. Vers fin 2019, juste avant que la pandémie de Covid-19 frappe notre monde, l’ONG Friends of Madagascar en partenariat avec l’association Tech for Madagascar ont mené avec succès une campagne de collecte de fonds pour imprimer 25 000 livres contenant des histoires courtes inspirées de la culture malgache. L’année 2021 sera consacrée à la distribution de livres Diary Nofy dans les écoles rurales de Madagascar, et sera soutenue par une vaste campagne de lecture. Nous vous invitons alors à commander votre livre Diary Nofy pour vos enfants ou pour les enfants de votre village natal. Vous avez les choix : « La quête de Le Bozaka » de RASETARIVELO Prisca ; « Harena ny ala » de Ima Larroque RAHARINANTENAINA ; « D’où vient le vent » de ANDRIANAMBONISOA Tojonantenaina Yannick ; « Bemakely sy ny savika » de AntsaFidisoa ; « Les six villages ennemis » de Ravaka Mihamina.
Pour plus d’informations, rendez-vous sur leur site www.diarynofy.mg.
Sans attendre, dans la mesure de nos moyens, faisons la différence de donner un livre ou prendre le temps de lire un livre pour nous ou nos enfants. C’est un choix décisif et essentiel pour la défense de la lecture et refuser l’abrutissement lié à la numérisation de notre monde. Mais plus encore, cela contribue à réduire les inégalités à l’accès à la littérature et à la culture. C’est une nouvelle forme de lutte, une marche au long cours, non pas de refuser le numérique, mais de continuer à garder ce qui est important face au changement. Car nous ne pouvons pas tout abandonner au risque de nous perdre nous-même.