Joe Biden, continuum de Trump
CO-FONDATEUR & REDACTEUR EN CHEF
Spécialisé dans la communication et l’analyse politique. Il intervient notamment sur les médias spécialisés sur l’Afrique.
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Après sa rixe l’opposant à Vladimir Poutine, Joe Biden a dessiné les contours de sa politique étrangère. Les ennemis de l’Amérique, de ce nouveau mandat, sont désormais connus de tous : Russie et Chine pour les plus coriaces. Quant à la question du moyen-orient, elle pourrait sensiblement ressembler à un retour à la position «Obamesque».
En géopolitique, une puissance doit avoir nécessairement un ennemi. Si sur les 10 dernières années, ce rôle était occupé par l’État islamique (ISIS), celui-ci ne constitue plus une réelle menace pour l’occident, même si nous sommes loin de son éradication totale. Il est vrai, ses idées continuent encore à germer chez des décérébrés, des fondamentalistes et souvent des laissés pour compte du libéralisme. Concernant ces ennemis de l’Amérique, la présidence Trump avait amorcé une opposition à Xi Jin Ping à travers l’affaire Huawei ou via la pression exercée sur le géant du réseau social TikTok…
Joe Biden souhaite poursuivre sur cette indexation qui vise la Chine, où il y a fort à penser que les gestions d’Hong-Kong et la région du Xinjiang et sa communauté minoritaire, les Ouïghours seront autant de mobiles visant à bannir la Chine dans l’unique but de freiner son expansion territoriale à travers « les routes de la soie ». Puisque le président américain entend brandir plus que jamais les principes des droits de l’homme, la Chine a de quoi s’inquiéter. Elle, qui au passage, vient de se rapprocher sensiblement de l’un des ennemis potentiels des Américains : l’Iran.
Russie oui, Moyen-orient un jeu de pouvoir à redéfinir
Joe Biden s’est délesté d’un message peu diplomatique, qualifiant de « tueur » Vladimir Poutine. Si le président voulait se démarquer de son prédécesseur à la maison Blanche, le coup est parfaitement réussi. Si le but recherché est de perturber la Russie dans son désir de renouer avec un passé glorieux, le message prend du sens. Toutefois, le forme a de quoi étonner, le timing nourrit les interrogations, et semble-t-il, le manque de perspectives et de stratégies semblent apparaître expressément. Le seul motif de la crise sanitaire appelle à de la prudence et à respecter les usages diplomatiques. La Russie joue un rôle ô combien important dans la politique vaccinale mondiale. Le retour à la normalité était tant désiré par les alliés des États-Unis à commencer par l’Union Européenne. Une telle agitation ne peut que perturber la nouvelle configuration des relations internationales. Une perturbation qui devrait aussi s’étendre au Moyen-Orient puisque la nouvelle administration américaine souhaite aussi défaire son alliance historique qui la lie viscéralement à l’Arabie Saoudite en se désolidarisant de la guerre au Yémen. L’objectif est de rééquilibrer les pouvoirs dans la sous-région en ne délaissant pas totalement l’Iran ce que présageait les accords de Vienne en 2015, impulsé par Barack Obama mais défait par Donald Trump.