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L’Afrique ne nous attendra pas : il est temps d’y aller

L’Afrique ne nous attendra pas : il est temps d’y aller
Chaque année, les experts, les entrepreneurs et les institutions se retrouvent autour d’un même constat : l’Afrique est un continent d’avenir. Chaque année, les chiffres nous confortent dans cette conviction : une croissance soutenue malgré les crises, une démographie dynamique, une urbanisation galopante, une jeunesse connectée. Et pourtant, chaque année, la question reste posée : qu’attendons-nous pour y aller sérieusement ?
La réponse n’est pas économique – car les opportunités sont là. Elle n’est pas non plus stratégique – car les grands équilibres mondiaux s’y redessinent. Elle est culturelle, presque psychologique. Elle relève de la prudence excessive, du réflexe d’attente, d’une forme de scepticisme qu’il est temps de dépasser.

L’Afrique : un partenaire stratégique, pas un marché d’appoint

Nous devons sortir d’une vision utilitariste et court-termiste du continent. L’Afrique n’est pas un marché d’appoint, encore moins une destination d’exception. C’est un partenaire stratégique de long terme. Un acteur central des chaînes de valeur du XXIe siècle, un levier clé pour la croissance mondiale, un espace d’innovation, de coopération, et de construction mutuelle.
La Chine, la Turquie, les Émirats arabes unis ou encore l’Inde l’ont bien compris. Leur présence y est constante, structurée, volontariste. Ils ne se demandent pas si le continent est prêt : ils y vont, et ils construisent leur place. Ce pragmatisme offensif contraste avec l’approche trop prudente de nombreuses entreprises françaises, souvent freinées par la perception du risque.

Le risque africain : un défi surmontable

Personne n’ignore que faire des affaires en Afrique suppose de naviguer dans un environnement parfois complexe : instabilité politique, incertitudes réglementaires, problématiques de gouvernance. Mais à chacun de ces risques correspond aujourd’hui une solution technique, institutionnelle ou partenariale.
La Banque publique d’investissement, l’AFD, Proparco, la Banque africaine de développement, ou encore les agences multilatérales ont développé des instruments puissants de garantie, de cofinancement, d’assurance. Des cabinets spécialisés accompagnent les projets dans leur phase d’implantation. Des dispositifs de dé-risquage existent. Le cadre n’a jamais été aussi favorable.
Refuser de s’engager au nom du risque, c’est ignorer les outils disponibles et abandonner des opportunités à ceux qui, eux, savent s’en saisir.

Ne pas répondre, c’est se retirer

Une entreprise française qui ne répond pas à un appel d’offres en Afrique ne fait pas « économiser un projet ». Elle laisse la place à une entreprise étrangère. C’est aussi simple que cela. Cette entreprise étrangère, qu’elle soit chinoise, marocaine, italienne ou sud-africaine, prendra la commande, construira la relation, et captera une influence que nous aurons délaissée.
Et cela ne concerne pas uniquement les grands contrats d’infrastructure. Tous les secteurs sont concernés : agroalimentaire, numérique, santé, banque, énergie, éducation. Dans chacun d’eux, des entreprises africaines ou internationales s’imposent là où nous restons sur le banc de touche.
Il faut entendre ce message : les acteurs qui réussissent ne sont pas dans la philanthropie. Ils veulent – et obtiennent – des profits. Pourquoi pas nous ?
L’Afrique ne nous attendra pas : il est temps d’y aller

Une relation économique, mais aussi humaine et historique

L’Afrique n’est pas un continent « lointain ». C’est un voisin. Un partenaire de proximité. Un espace avec lequel la France entretient une histoire, des liens humains, culturels et linguistiques profonds. La francophonie, les diasporas, les échanges universitaires, les coopérations techniques sont autant de ponts qui facilitent la relation.
Ne pas aller en Afrique, c’est aussi rompre progressivement ce lien. C’est laisser d’autres puissances écrire, seules, le futur du continent. C’est affaiblir notre influence et réduire notre rôle dans le monde de demain.

Une fenêtre géopolitique à ne pas manquer

Le contexte mondial ouvre un espace d’action inédit. Le retrait partiel des États-Unis sur les questions de développement, les limites atteintes du modèle chinois, les inflexions européennes créent une situation où la France et ses entreprises ont une carte à jouer.
Les partenaires africains cherchent des alliances durables, des coopérations équitables, des projets porteurs de sens et d’impact. Ils veulent des partenaires solides, engagés, lisibles. Nous pouvons répondre à cet appel – si nous le décidons.

La clé : une vision de long terme

Ce qui manque souvent, ce n’est pas la compétence. Ni les financements. Ni l’expertise. C’est la vision. Trop d’acteurs raisonnent à l’échéance du trimestre ou de l’année fiscale. Or, réussir en Afrique suppose une autre temporalité. C’est accepter que la rentabilité ne soit pas immédiate, mais qu’elle soit durable. C’est intégrer la logique des cycles longs, des partenariats de confiance, des projets structurants.
L’Afrique ne se conquiert pas, elle se construit. Et cette construction exige de la constance, du respect, de la patience – mais aussi de l’audace et de la clarté dans l’intention.

Y aller. Ensemble. Maintenant.

Le message est simple : n’attendons plus. L’Afrique bouge. Elle innove. Elle investit. Elle s’organise. Elle ne nous attendra pas éternellement.
Nos entreprises qui s’y engagent s’en félicitent. Nos partenaires africains nous le demandent. Nos intérêts stratégiques l’exigent.
Y aller n’est plus une option. C’est une responsabilité. Et une opportunité majeure.
L’Afrique ne nous attendra pas : il est temps d’y aller
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