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Abidjan, sur les rails du futur : le métro, vitrine d’un financement stratégique à la française

Abidjan, sur les rails du futur : le métro, vitrine d’un financement stratégique à la française
C’est à l’occasion du Forum « Investir en Afrique », organisé à Paris par le CIAN (Conseil français des investisseurs en Afrique) et le journal L’Opinion, qu’a été dévoilé l’un des projets les plus ambitieux du continent : la première ligne de métro d’Abidjan. Un chantier colossal, porté par un financement innovant français, qui illustre à merveille ce que peut être un partenariat gagnant-gagnant entre l’Afrique et l’Europe.
Abidjan – C’est une silhouette en devenir qui traverse la métropole ivoirienne du nord au sud. Une ligne de 37 kilomètres, 18 stations, 24 ponts, un viaduc, des tunnels piétons… Et surtout, une promesse : celle d’un transport public structurant pour l’Afrique de demain. Le métro d’Abidjan, ce n’est pas juste un chantier d’infrastructure, c’est un symbole. Un exemple. Celui d’un financement maîtrisé, d’un partenariat équilibré, d’un transfert de savoir-faire — et d’un modèle reproductible.
Bienvenue dans le grand chantier du futur de la capitale économique ivoirienne. Un chantier colossal amorcé depuis plus d’une décennie, où se croisent diplomatie économique, ingénierie de haute volée et coopération bilatérale. Le métro d’Abidjan, c’est le récit d’une transformation urbaine et stratégique, où la France a posé ses rails avec méthode.

Un rêve d’urbanisme devenu enjeu stratégique

L’idée d’un métro à Abidjan germe dès 2010. Mais comme souvent avec les grands projets d’infrastructure, le chemin est sinueux. Discussions politiques, études de faisabilité, négociations commerciales, pause COVID… Le projet se structure lentement mais sûrement. Il faut attendre 2022 pour voir la signature du contrat de réalisation et, dans la foulée, du contrat de financement.
Aujourd’hui, le projet est lancé. Livraison prévue pour 2028. À la clé : une capacité de transport de 500 000 passagers par jour, une réduction significative de la pollution grâce à une ligne entièrement électrifiée, et un désengorgement d’une ville connue pour ses interminables embouteillages.

Le crédit export : un levier français efficace

Au cœur de cette opération, un outil encore trop méconnu du grand public : le crédit export. Un mécanisme pensé pour accompagner les entreprises françaises à l’international, tout en servant les besoins des pays partenaires. Dans le cas du métro d’Abidjan, le crédit export a été structuré par un pool bancaire mené par BNP Paribas et Société Générale, rejoint par quatre autres établissements. Le financement ? Un montant colossal d’environ 1,8 milliard d’euros, garanti par BPI France Assurance Export.
Ce dispositif a permis aux entreprises françaises de construire sans que l’État ivoirien ne doive piocher dans sa trésorerie dès le départ. Pendant la phase de construction, les paiements sont échelonnés selon l’avancement du chantier. Pas d’obligations coûteuses sur les marchés, pas d’instabilité budgétaire : un accompagnement taillé pour les besoins du terrain.

Un quatuor français sur les rails

La construction du métro d’Abidjan est une vitrine du savoir-faire hexagonal. Le consortium français réunit :
  • Bouygues, en charge du génie civil,
  • Alstom, fournisseur du matériel roulant et de la signalisation,
  • Colas Rail, pour les infrastructures ferroviaires,
  • Keolis, en tant qu’exploitant et gestionnaire de la maintenance.
Une exclusivité française ? Oui, grâce à l’efficacité du crédit export et à la cohérence de l’offre. Ici, la finance a permis de verrouiller un marché stratégique tout en assurant une exécution aux standards internationaux.

Un projet qui gratte… mais qui s’impose

Tout n’a pas été simple. Traverser une ville densément peuplée, franchir la lagune, répondre aux normes environnementales et sociales strictes imposées par l’OCDE et les banques membres des Principes de l’Équateur, a nécessité des ajustements. Des exigences parfois perçues comme intrusives localement, mais qui assurent en retour une meilleure acceptabilité publique et une gouvernance transparente.
C’est là que l’outil du crédit export se distingue : il impose un suivi rigoureux, une montée en compétence locale, une rigueur dans l’exécution… et au final, une transformation durable. Un métro moderne, propre, sécurisé, accessible aux populations les plus modestes.

Et demain ?

Ce métro n’est pas qu’une prouesse technique. C’est un précédent. Le symbole d’un modèle de développement gagnant-gagnant. La preuve que des projets massifs, complexes et coûteux peuvent se réaliser en Afrique avec méthode, rigueur et mutualisation des intérêts.
Pour la France, c’est un coup double : soutien à ses entreprises et rayonnement stratégique. Pour la Côte d’Ivoire, c’est une avancée majeure en matière d’urbanisme et de mobilité.
Ce projet, d’une ampleur exceptionnelle, est appelé à devenir une référence continentale. Et pourquoi pas, un prototype à dupliquer ailleurs sur le continent. Dakar, Kinshasa, Antananarivo ? L’Afrique urbaine est en mouvement. Le crédit export français, lui, est sur les rails.
Abidjan, sur les rails du futur : le métro, vitrine d’un financement stratégique à la française
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