Est-ce que Madagascar peut croire à l’autosuffisance alimentaire ?
« Autosuffisance », mot clé dans le discours politique alimentaire du président malgache Andry Rajoelina depuis son premier quinquennat. Ce mot est central et concerne particulièrement l’indépendance alimentaire du pays, particulièrement dans le secteur de la riziculture. C’est en effet, à l’occasion de la 9e édition du Sommet de la coopération Chine-Afrique (FOCAC) officiellement ouverte le 05 septembre 2024 au Grand Palais du Peuple à Beijing que le président a réaffirmé ses ambitions premières. Cette priorité pose une question centrale : Est-ce que Madagascar peut croire à une autosuffisance alimentaire alors qu’elle ouvre sa production à des entreprises étrangères ?
Depuis 2008, Madagascar a développé un centre de recherche sur le riz hybride à Mahitsy, où des expérimentations ont permis de produire 8,5 tonnes de riz par hectare ; ce qui laisse entrevoir la possibilité de multiplier par 3 la production rizicole. Ces expérimentations reflètent le caractère central de la riziculture dans l’économie du Malagasy. Le riz est une denrée indispensable regardant la sécurité alimentaire du pays. On peut notifier que le pays produit 85 % de son riz ; cependant, entre 2022 et 2023, les achats de riz ont diminué de 35,7 %, montrant la volonté de l’État d’atteindre cette autosuffisance.
C’est pour ces raisons que le président a conclu deux protocoles avec l’entreprise chinoise Yuan’s Seed, ce lundi 9 septembre 2024. Ces accords envisagent le développement de la culture du riz hybride du pays et la production locale de semences. Le projet débute par la production de riz sur une surface de 2000 hectares dans la commune de Betsipotika, dans le district de Morondava. Ces 2 protocoles sous-tendent de nouveaux défis regardant leur mise en place technique.
Finalement, une autosuffisance nécessite aussi une indépendance dans la production. Or, il y a un recul à prendre vis-à-vis des intentions de la Chine de vouloir garantir l’indépendance de l’île. Il est nécessaire de ne pas laisser l’urgence de la situation troubler ces risques. Cependant, cette distance n’est pas réellement prise en compte par le président malgache qui souhaite « agir immédiatement » sans « attendre cinq ans pour voir des résultats ».
Article rédigé par Ilhan Martin.