Climat tendu : tout sauf la crise politique ?
CO-FONDATEUR & REDACTEUR EN CHEF
Spécialisé dans la communication et l’analyse politique. Il intervient notamment sur les médias spécialisés sur l’Afrique.
gregory.sileny@madagascar-media.com
La communauté internationale s’inquiète, Andry Rajoelina vient de décider unilatéralement d’interdire les meetings en plein air pour tous les opposants. L’Europe, le Japon et les Etats-Unis et 5 autres chancelleries ont condamné cette décision. Une mesure jugée liberticide, selon l’opposition, à quelques mois du lancement officiel de la campagne. Les observateurs de la Grande île craignent déjà un retour vers la crise cyclique qui a toujours gagné Madagascar à chaque décennie, depuis 1991.
Fragilité de l’exécutif ?
À Madagascar, l’entame d’une pré-campagne laissant la seule visibilité au régime en place, est presque monnaie courante. Pour remédier à cette anormalité, la constitution oblige désormais le président sortant à démissionner, avant de prendre part à la campagne officielle. Une situation à laquelle s’était conformé Hery Rajoanarimampianina, dans un contexte délétère proche du bain de sang à en croire l’ex-Président malagasy qui s’est confié au media Real TV. Andry Rajoelina se trouve dans une situation clivante, moins tendue que son prédécesseur. Toutefois, il joue gros avec cette nouvelle élection. S’il reste convaincu de pouvoir finaliser une politique de grands travaux dans l’hypothèse d’un second mandat, il a aussi le sentiment que personne d’autre que lui présente la capacité à relever Madagascar. Il envisage d’introniser une seconde phase à son plan émergence, déjà amorcée au cours du premier mandat. Ses dernières sorties officielles dont celle qui s’est tenue lors du 36ème sommet de l’Union Africaine ressemblait fortement à un homme en campagne qui songe à s’atteler aux projets non entamés, au cours de son premier quinquennat.
Prêt de la Chine pour une centrale hydro-électrique
Madagascar continue d’être engagé face à de nombreux défis. L’île souffre d’indigence sur plusieurs plans. L’accès à l’électricité demeure encore un luxe, seulement 37% de la population peut se targuer d’en disposer faisant de Madagascar un des plus mal lotis en couverture énergétique sur le continent. Dans un tel contexte, Andry Rajoelina a contracté un prêt auprès de la Chine pour l’investissement d’une centrale hydro-électrique, à 95km de la capitale Antananarivo. Ce projet, censé pallier les éternels délestages causés par la Jirama, est évalué à 240 Millions de dollars, une manière aussi de communiquer pour les autorités locales sur la poursuite des affaires courantes visant à faire émerger Madagascar.