60 nouvelles années à écrire …
CO-FONDATEUR & REDACTEUR EN CHEF
Spécialisé dans la communication et l’analyse politique. Il intervient notamment sur les médias spécialisés sur l’Afrique.
gregory.sileny@madagascar-media.com
Madagascar fête son soixantième anniversaire comme 17 autres pays africains au cours de cette année 2020. Si l’indépendance a entrouvert beaucoup d’espoir, aujourd’hui le bilan de la Grande île semble décevant et en deçà des projections désirées par nos pères indépendantistes.
Madagascar a soixante ans, après une indépendance glorieuse, obtenue dans le sang. Une jeune démocratie s’est alors installée tout au long de cette période. Une République qui aspire à grandir, à rayonner et s’inventer un paradigme ; mais encore loin d’avoir atteint son plafond de verre. Espoir continuel, pour ne pas dire perpétuel, Madagascar attend toujours son échappée belle. Les hommes se sont succédé, arpentant des promesses. Tous ont incarné un rêve un tant soit peu. Mais la désillusion a été autant forte, si ce n’est regrettable, eu égard à la pauvreté endémique. 60 ans c’est trop. Oscillé entre 70 et 80% de malagasy vivant en dessous du seuil de pauvreté, c’est impensable. Invivable. Si l’ennemi de Madagascar est la pauvreté, cela doit être de toute évidence le combat de tous. Pas seulement celui du Chef d’État, ni celui des Organisations Non Gouvernementales (ONG), ni celui des bailleurs de fonds. Après 60 années de démocratie, il est temps de prendre conscience qu’il s’agit « d’une affaire de tous ». Une affaire malagasy, au fond. Où chaque citoyen prend sa part dans le projet national. Si nous nous appelons Madagascar Media, cela est autant notre combat que celui des universitaires, des agriculteurs, des jeunes, des entrepreneurs. Le bilan de ces 60 années n’est pas uniquement le tribut de toutes les présidences successives. Du politique. La responsabilité partagée appartient aussi à la composante du modèle démocratique. 60 années écoulées reviennent donc à s’examiner : Presse, intellectuels, universitaires, chercheurs, agriculteurs, professeurs, commerçants, industriels, artistes, sportifs, écrivains. Où avons-nous fait montre de rayonnement ? Qui peut s’enorgueillir d’avoir apporté la lumière sur tout un pays ? Pourquoi si un de nos compatriotes ou un groupement de compatriotes avait la solution miracle, ne l’a-t-il pas partagé pour notre chère patrie ?
Comment écrire les 60 années glorieuses à venir ?
Madagascar fait nous rêver, maintenant. Ne te résigne pas à un quelconque défaitisme. Si aucune guerre fratricide ne s’est déclenchée, si la chrétienté est un partage national, si le vivre ensemble subsiste malgré les chocs conjoncturels, il y a bon espoir d’écrire enfin notre Histoire. Envisager une victoire des Barea à la CAN, des artistes malagasy sollicités par toute l’Afrique pour des tournées continentales, des scientifiques concurrencés leurs homologues occidentaux et favoriser l’obtention de brevets, des coopératives qui voient le jour sur l’ensemble du territoire, des projets innovants en milieu rural, l’émulation régionale établit comme une force et non plus comme une discrimination. La théorie des cycles économiques doit plus que jamais profiter à Madagascar. L’excellence doit appartenir à ses 60 nouvelles années. Si la construction et les projets d’infrastructure sont au cœur de la pensée politique, les 30 glorieuses à la malagasy sont plus que jamais, envisageables.