Coronavirus Covid-19 : l’avènement d’un nouvel ordre mondial
Par Fabien RAZAKANDRAINIBE, Éditorialiste.
Le rêve du Roi
« Roi, tu regardais et tu as vu une grande statue. Cette statue était immense et d’une splendeur extraordinaire. Elle était debout devant toi et son aspect était terrifiant. La tête de cette statue était en or pur, sa poitrine et ses bras en argent, son ventre et ses cuisses en bronze, ses jambes en fer, ses pieds en partie en fer et partie en argile. Pendant que tu regardais, une pierre s’est détachée sans aucune intervention extérieure. Elle a frappé les pieds en fer et en argile de la statue et les a pulvérisés. Le fer, l’argile le bronze, l’argent et l’or ont alors été pulvérisés ensemble, et ils sont devenus pareils à la baie qui s’échappe d’une aire de battage en été : le vent les a emportés et on n’a plus trouvé aucune trace d’eux. Quant à la pierre qui avait frappé la statue, elle est devenue une grande montagne et a rempli toute la terre1 ».
Le Covid-19
En moins de 4 mois, un virus a réussi à arrêter notre monde et à le terrasser comme la statue du Livre de Daniel1. Transmis par un animal en voie de disparition, le Pangolin, l’association du Covid-19 avec cet animal fragile en voie de disparition et son saut vers l’homme à l’homme est comme un message, un avertissement de la Nature à toute l’humanité. Deux « petits » organismes ont réussi à toucher du doigt la fragilité de notre monde et la contingence de ce que nous croyons évident, à nous questionner sur le monde que nous avons construit à l’issue de la deuxième guerre mondiale. Ces deux organismes : un code qui ne peut vivre au-delà de 24h en dehors de son hôte et un animal sauvage en voie d’extinction, le plus braconné au monde nous apprennent à regarder différemment notre écosystème. Cette épidémie nous rappelle que nous sommes terrestres. Le Coronavirus Covid-19 ne connaissant pas les frontières, nous rappelle que notre corps c’est la planète, et que le déséquilibre que nous créons avec la Nature nous mènera vers le chaos. Toute l’humanité est forcée à s’arrêter, est invitée à réfléchir dans son ensemble pour inventer un après, pour pouvoir repartir sans savoir vers où ?
Le chaos
Le Covid-19 s’étend inexorablement sur toute la planète. Il se déroule sous nos yeux une expérience planétaire inédite de la façon dont chaque pays gère cette crise. Chaque pays dans le désordre n’arrive pas à coordonner les moyens de luttes. Chacun fait de son mieux avec l’efficacité ou l’irresponsabilité des uns et des autres. On assiste à la mise en place des mesures préventives diverses et variées. L’humanité n’était pas prête à recevoir une crise de cette ampleur. A l’instar de Madagascar, un des derniers pays touchés tardivement par le Coronavirus, avec l’annonce de 3 cas dans le pays, la peur et la psychose se sont emparées de la population Malgache en une seule nuit. Cette peur est maintenant amplifiée par les médias qui véhiculent beaucoup d’inquiétude, par les réseaux sociaux qui apportent son lot de théories complotistes, de fictions ainsi que des rumeurs les plus folles.
Vers l’avènement d’un nouvel Ordre mondial ?
Avec cette crise sanitaire majeure et inédite va se mettre en place l’émergence d’une nouvelle forme de société. À l’égard de l’annonce d’un état d’urgence sanitaire en France, aussi à Madagascar, de la possibilité de surveiller tous nos déplacements avec nos smartphones aux Etats-Unis etc. On voit poindre progressivement l’émergence d’un nouvel ordre mondial qui va s’accompagner d’une érosion graduelle de nos libertés, autrefois prisées, comme le fait de sortir quand on voulait, les allers et retours de nos déplacements, « la protection de la vie privée n’est plus la norme sociale2 ». Des mesures nous privant de notre liberté mais que nous accepterions volontiers car elles seront proportionnelles aux risques que nous pourrons encourir. Des mesures contraignantes proportionnelles mais qui sont d’un grand intérêt car il y a des conséquences importantes pour la santé publique. Nous devrions désormais nous habituer au fait que nos mouvements ne seront plus « privés » mais partagés en sus avec les technologies qui vont grandement le permettre, les informations sur nos santés surveillées à une échelle plus globale. Parce que la crise sanitaire mondiale provoquée par le Coronavirus Covid-19 est passée par là, elle nous révèle non seulement que la santé est la première condition de la liberté mais aussi révélée la nécessité de la mise en place d’une coordination mondiale « contraignante » pour mieux contenir la propagation d’une maladie qui pourrait porter atteinte à la santé publique mondiale.
Ces réflexions posent des nouvelles questions sur la bio-politique, comment trouver le bon équilibre entre la discipline individuelle et les mesures de restrictions massives des libertés ? Nous entrons dans une nouvelle décade où les fondations des transformations sociétales majeures vont se mettre en place. Le G-20 va bientôt se réunir pour réfléchir sur la mise en place d’une réponse coordonnée à la pandémie et à ses implications humaines et économiques. Mais ce nouveau monde, c’est à nous toutes et tous de le bâtir ensemble, aussi bien les pays riches que les pays pauvres.
[1] Livre de Daniel Chapitre 2, 31-35. La Bible.
[2] Bobbie Johnson, « Privacy No Longer a Social Norm, Says Facebook Founder”, Guardian, 10 Janvier 2010.
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