À la veille des élections américaines, des candidats en plein affrontement
«Un pays entier ne s’incarne jamais dans un homme ou dans une élection.»
Entre démocrate et républicain, buzz et flop, les élections américaines s’illustrent au travers de cette guerre de l’image entre Kamala Harris, vice-présidente et Donald Trump, 45e président des États-Unis. Comprendre cette guerre de l’image, c’est comprendre l’essence des campagnes politiques américaines qui ne cessent de faire élire des personnages politiques aussi creux que caricaturaux. Dans ce contexte, Kamala Harris et Donald Trump se livrent une bataille de l’image, une bataille de provocation et de communication politique : mais représentent-ils vraiment le peuple américain ?
Donald Trump – Quand l’apparat paye plus que la profondeur d’un programme.
Insultes, provocation – Voici en partie le résumé d’une campagne politique qui dure depuis juillet 2024. S’il ne devait rester qu’une seule image de l’ancien président, elle serait celle d’un « héros américain » ayant échappé à 3 présumés tentatives d’assassinat ; mais aussi l’image d’un président ensanglanté, gardant la tête haute et le poing levé. Cette image n’est que médiatique et politique, sans refléter une seule fois le fond d’un programme politique.
D’autre part, Trump tente de se muer en un citoyen de tous les jours, à bord d’un camion poubelle ou en tant qu’employé de McDonald’s, dénonçant les mensonges de Kamala Harris. Ce narratif renforce l’image de Donald Trump pour deux raisons. En premier lieu, cela lui permet de se comparer aux grandes figures de l’histoire politique américaine qui ont été assassinées, renforçant, de fait, sa notoriété et son image de « rescapé ». L’apparence dans la campagne américaine a plus d’impact que le fond du programme politique.
Récemment, l’image du « rescapé » s’est dégradée, notamment à cause d’une blague raciste énoncée par un humoriste lors d’un meeting de Trump à New York, qualifiant Porto Rico d’une « île flottante d’ordures ». Donald Trump se prive donc d’une partie de son électorat Portoricain qui est estimé à 6 millions d’électeurs.
Kamala Harris – Quand la tradition ne fait pas gagner les élections
De son côté, l’ancienne procureure générale de Californie a opté pour une campagne moins bousculée et plus traditionnelle. En effet, elle repose sur une stratégie classique visant à mobiliser des soutiens traditionnels. Par exemple, l’ancien président Barack Obama, qui est monté sur scène à plusieurs reprises pour soutenir la vice-présidente. Cette tentative est motivée par le besoin de courtiser son électorat afro-américain, déçu par le bilan financier de Biden. Elle se repose aussi sur des célébrités comme la chanteuse Beyoncé, l’actrice Jennifer Lopez, les rappeurs Eminem et Cardi B ou encore Bruce Springsteen.
Sa seconde stratégie politique est de se concentrer sur les sept Swing States. Ces swings states désignent les États capables d’influer sur les votes des « grands électeurs » et de faire basculer la balance en sa faveur. Kamala Harris a occupé la première place dans la majorité des swing states, mais, depuis mi-octobre, la tendance s’inverse : laissant la porte ouverte à la victoire de Trump.
Un manque de considération pour le peuple américain
Aucun des deux candidats ne semble réellement répondre aux préoccupations de l’ensemble des citoyens américains, ce qui accentue l’aspect de plus en plus caricatural de la politique américaine. Pourtant, cette stratégie de séduction par l’apparat est bien reçue par une partie de la population, malgré le manque de considération des deux candidats pour leurs électeurs. Il est également important de noter que cette « guerre de l’image » se révèle efficace, car les jeunes semblent particulièrement réceptifs à ce type de stratégie, comme en témoigne la difficulté de Kamala Harris à séduire cette catégorie avec une approche plus traditionnelle.