Madagascar : instabilités politiques et stagnation économique

Le régime qui s’est installé par la force en 2009 à Madagascar connaît actuellement ses limites. Celui-ci a emprunté le nom de la « révolution orange », inspirée aveuglément de celle de l’Ukraine, alors qu’il n’avait aucune ressemblance à la situation politique du pays. Encore moins pour les politiciens et les institutions de l’Etat Malagasy : la Haute Cour de Justice n’était pas mise en place.
Dès lors pour Madagascar, il s’agissait plutôt d’un coup d’état et la suite en dirait les raisons.
La situation a été aggravée. L’alternance de 2014 censée sortir le pays d’une crise politique pour des manques d’aides internationales et d’investissements afin de circonscrire la pauvreté qui mine le développement du pays n’a pas su insuffler l’élan nécessaire aux jeunes Malagasy de pouvoir, d’une manière déterminée et indépendante, décider de leur avenir, tant sur le plan politique et social que sur le plan économique, et, le plus important, proprement de l’avenir de leur terre natale.
Aucun changement, aucune rénovation mais surtout aucun effort eu égard à la façon de gouverner n’a pu faire profiter aux Malagasy à la simple amélioration de leur vie quotidienne et de leur destin.
Où en sommes-nous des luttes sociales de Madagascar en 1972 ? Que retenons-nous des crises politiques successives connues en 1991, celles de 1996 et de 2002 et enfin celle de 2009 ?
Crises politiques
Une situation de défiance de la population envers un régime politique ou un gouvernement, d’une part, ou des désaccords profondément aigus entre partis politiques, au pouvoir et à l’opposition, d’autre part, constitue une crise politique.
Pourtant, il y a lieu de mesurer la gravité de cette phase dans l’évolution de la situation politique d’un Etat. Une crise politique peut entraîner des manifestations, tels des grèves, des mouvements sociaux ou des émeutes, voire une révolte. Elle peut également favoriser la poussée des extrémismes et populisme afin de gagner la confiance de la population, en mettant en avant des promesses creuses présentées comme vitales et, in fine pour accéder au pouvoir.
Le déroulé de chaque crise politique survenue à Madagascar est resté le même. Il a été, d’un côté, de susciter un ras le bol de la population assoiffée d’une démocratie, d’une égalité des chances, d’une liberté et surtout d’une amélioration inconditionnelle de la vie quotidienne. De l’autre côté, l’objectif affiché après une crise politique que Madagascar a connue a été de circonscrire l’ordre social au détriment du développement économique, politique et socio-culturel du pays.
La « GEN-Z » a alors appris à travers l’histoire que les crises politiques qui se sont succédées à Madagascar depuis l’année 1991, n’étaient qu’une série d’instabilités politiques ayant conduit le pays vers des freins pour son développement économique et accentuer ainsi la pauvreté de son peuple.
Pour mémoire, la crise politique de 1991 a pu arracher du pouvoir le régime politique installé à Madagascar depuis l’année 1975, après trois mandats électifs, et qui a inscrit depuis le début de son règne la IIème République. Entre temps, un Chef d’Etat nommé à l’issue de la période transitoire militaire d’après mai 1972 ayant voulu donner le pouvoir au peuple Malagasy a été assassiné. Le régime de transition en 1992 a accouché de la IIIème République. La crise politique de 1996 a marqué le manque de discernement des politiciens Malagasy : Retour du régime politique de 1975.
La crise politique de 2002 a été télescopée depuis la Mairie de la Capitale suite à un différend sur les résultats de l’élection présidentielle de 2001 ayant couvert une période de manifestations de masse et de conflits violents entre le peuple Malagasy. La pauvreté s’est accentuée due à la diminution des opportunités économiques, à la détérioration du milieu des affaires et aux manques d’investissements dans l’éducation ainsi que la santé et l’infrastructure urbaine.
La lecture de la crise politique de l’année 2009 et les résultats qui en découlaient ont façonné les revendications des jeunes générations, notamment la « GEN-Z », vers un avenir meilleur et une vraie démocratie ainsi qu’une liberté totale de disposer de l’avenir de sa terre natale. Cette crise politique n’a d’ailleurs pas dérogé à la règle de la stagnation économique : naissance de la IVème République.
Dès lors, les crises politiques successives à Madagascar se résument, à chaque fois, à une déconnexion entre les dirigeants et le peuple. Le pouvoir a, d’un côté, la capacité à engager des processus de développement économique avec l’appui des aides internationales de lutte contre la pauvreté. De l’autre côté, dès lors que la communauté internationale qualifie une crise politique suivie d’une prise de pouvoir anticonstitutionnelle et antidémocratique, l’arrêt de l’aide financière et des investissements étrangers peuvent plonger le pays dans la pire crise économique de son histoire. Celles-là même ont accentué les inégalités sociales entre urbains et ruraux, entre la Capitale et les Provinces, en somme entre Malagasy eux-mêmes et elles ont fait voler en éclats l’Unité Nationale.
Luttes sociales
Madagascar a vécu les évènements de l’année 1972 qui a marqué la poussée de manifestations populaires ayant pris, en toute évidence, une forme insurrectionnelle.
Dans la Capitale, à Antananarivo, il se formait un régime contrôlé par des officiers militaires de tendance nationaliste qui a réussi à s’imposer après avoir cantonné, d’une part, les politiciens de l’ancien régime et, de l’autre part, le souffle de pouvoir populaire ayant surgi des manifestations de rue, notamment les jeunes universitaires, lycéens et autres travailleurs, syndicats et associations.
Ce paradoxe suffisait à lui-même d’honorer l’exception Malagasy. D’un côté, les acteurs de la révolution de 1972 ont voulu à tout prix une indépendance débarrassée du poids écrasant de l’ancienne puissance coloniale. De l’autre côté, il est apparu la concrétisation de l’émergence du pouvoir central où baignaient ensemble le nationalisme et le concept du royaume.
Cette génération de Malagasy, qui a pourtant entamé depuis le mois de septembre 2025 une lutte nationale ayant attrait contre l’indécence et l’injustice, contre les inégalités et ingérences sur leur propre avenir quant à l’exploitation des richesses dont leur pays dispose, a vraisemblablement déjoué la géopolitique multinationale qui se dessinait depuis le 14 octobre 1958 à Madagascar.
Une ère nouvelle s’ouvre sur la Grande Île et il va devoir affirmer que l’on ne peut être plus claire. La nation a fini avec ses luttes sociales et crises politiques n’ayant donné aucun résultat qui satisfait à la soif de son peuple malgré des vies perdues, des familles détruites au détriment des intérêts personnels incongrus, des revanchards de tous bords et aux mille visages de faux patriotes.
Il est venu le temps de l’éveil national, gage d’une sécurité pour l’avenir de la nation. Il est venu le temps de la vraie indépendance. Cette génération « GEN-Z » a entamé le pas vers la grande « Rupture ». Et la « GEN-Z » doit aussi rassurer les générations à venir qui seront, autant qu’elle actuellement, les avenirs et propriétaires de la Grande Île pour une réelle « Refondation ».
Pour ma part, je vous laisse imaginer le sens du changement linguistique ou de vocable ou de vocabulaire désignant dorénavant Madagascar de « TANINJANAKA » en lieu et place de « TANINDRAZANA », pour nous le peuple Malagasy et ce, partout dans le monde où nous sommes.
Article rédigé par Lalaina RASOLONIRINA


