Madagascar : L’heure du bilan ?
CO-FONDATEUR & REDACTEUR EN CHEF
Spécialisé dans la communication et l’analyse politique. Il intervient notamment sur les médias spécialisés sur l’Afrique.
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Arrivant au terme de son premier mandat présidentiel, Andry Rajoelina va sortir sans aucun doute fortifié avant de se présenter à sa propre succession. Cette première expérience démocratique lui donnera l’avantage de pouvoir corriger sur ce qui a pêché et poursuivre sur les chantiers en cours, encore faut-il recueillir l’approbation de la population.
Tout au long de son mandat, Andry Rajoelina est resté dans un continuum de l’homme que nous avons connu il y a un peu plus de 10 ans maintenant, lors de la révolution orange. Habité d’un sens de la patrie, soucieux des infrastructures, ambitieux et empreint de communication dans son discours, Andry Rajoelina s’est lancé dans de nombreux défis afin d’amener Madagascar dans l’émergence. À l’heure du bilan, une majorité lui reconnaît une qualité indéniable, celle de travailler nuit et jour pour son pays. Le crédit autour du président sortant atteint aussi proportionnellement des critiques virulentes, souvent concentrées dans les milieux intellectuels et bourgeois au sein de la capitale, mais aussi auprès d’une frange de la diaspora souvent inféodée à d’autres partis politique. À l’image de son positionnement dans le domaine de la politique étrangère, Andry Rajoelina s’est recherché, entre volonté de se libérer de l’influence et l’omnipotence française pour in fine renouer une relation bilatérale autour de l’aide au développement. Son dernier discours à l’Assemblée générale des Nations-Unies en dit long sur ce qu’il souhaite impulser. Il entend reprendre une logique qui a toujours été celle de Madagascar au cours de ce siècle. Apporter des gages de sécurité pour que les bailleurs de fonds et les grandes puissances accordent des prêts et des subventions. Andry Rajoelina a élucubré toutes les actions ainsi que les objectifs qu’il entend mener, de manière à attirer des investisseurs. En agissant ainsi, le président reconnaît implicitement que l’ampleur du défi est grand, voire trop grand pour se reposer uniquement sur les ressources endogènes.
Changement de position autour des îles éparses ?
Le plus étonnant dans la position malagasy, c’est l’emballement à peine dissimulable dans les propos du président à la tribune de l’ONU, car ce dernier s’est réjoui de la tenue d’une deuxième réunion de la commission mixte dédiée à trouver une issue dans le dossier épineux des îles éparses. Si Andry Rajoelina a tenté durant une partie de son quinquennat d’arborer une position autocentrée, sûre de sa force, depuis il a rebroussé chemin. Fini le temps où il défendait un principe d’autodétermination politique avec l’apologie des plantes médicinales, l’industrie malagasy, la restitution sans concession des îles éparses, les représailles vis-à-vis de la France résultant de la tentative d’assassinat dont il a fait l’objet. Certains diront qu’il s’agit d’une maturité politique et une forme de sagesse, d’autres regretteront ces vicissitudes. Peut-être, le président sortant doit désormais s’atteler à œuvrer pour une convergence et à faire adhérer les sceptiques qui ne demandent qu’à y croire. L’enjeu de l’hypothétique deuxième mandat est tout trouvé !