À la recherche d’une croissance malgache
CO-FONDATEUR & REDACTEUR EN CHEF
Spécialisé dans la communication et l’analyse politique. Il intervient notamment sur les médias spécialisés sur l’Afrique.
gregory.sileny@madagascar-media.com
Un autre défi se présente aux autorités malagasy, ainsi qu’à l’ensemble des acteurs économiques, le retour d’une croissance économique durable.
700 millions de dollars de perte, c’est le coût estimé par le gouvernement, à cause de la crise sanitaire liée au Covid-19. Un montant colossal pour Madagascar, une perte non négligeable et assurément une très mauvaise nouvelle pour les autorités dans l’objectif de faire de Madagascar, une économie émergente. D’innombrables questionnements pullulent, est-ce que les ambitions politiques du régime en place obligent à revoir à la baisse les prévisions triennales ? Madagascar peut-il supporter un tel effondrement économique, qui n’a pu être anticipé faute de résilience structurelle ? Est-ce que les aides des bailleurs traditionnels et partenaires financiers recouvrent les déficits structurels ? En premier lieu, les aides ne résorberont pas le manque à gagner. Ces dons sont d’abord affectés à des secteurs précis – comme le social, le tissu entrepreneurial ou encore le domaine de la santé – ce qui ne contribuent pas à favoriser une cohérence politique. Il ne revient pas ici, de contester ces aides qui sont nécessaires, voire indispensables ; cependant, une réserve subsiste. Cette politique donatrice ou philanthropique, issue des bailleurs de fonds, génère aussi des effets pervers dans la gestion d’ensemble d’une économie. Par l’affectation des fonds à des secteurs prédéfinis, il y a aussi une orientation subreptice, venue de l’extérieur qui vient s’imposer à la politique générale du pays bénéficiaire, en l’occurrence Madagascar. Outre cette problématique, sur le plan strictement financier la somme de dons, évaluée à 564.2 milliards d’ariary, soit un peu plus d’1/7ème des déficits contractés par les agents économiques, demeure indubitablement insuffisante. Loin des fantasmes qui se diffuse massivement visant à pointer un État corruptible, et qui se serait enrichi lors de cette crise ; et l’aide internationale résoudrait tout miraculeusement.
Attente des acteurs économique d’une Politique publique
Face à ces défis, Madagascar entre ainsi dans un nouveau cycle économique qui contraint à définir de grandes orientations stratégiques et idéologiques. Les économistes sont friands de ces cadres généraux et ces instruments favorisant le climat d’affaire attrayant. De fait, nous n’en sommes plus à apporter de simples réformes, certes, nécessaires au cadre macroéconomique, mais éloigné des attendus conjoncturels. Le contexte post covid qui a débuté, dès lors que le déconfinement progressif a été décrété par Iavoloha; oblige aujourd’hui à faire un choix cornélien. Celui d’impulser une réelle politique d’État providence, une réclamation fortement susurrée par les acteurs économiques dont les entrepreneurs qui utilisent plutôt l’élément de langage suivant « politique de soutien ». Cette politique mérite aujourd’hui de s’y intéresser puisque l’État endosserait un hypothétique rôle d’actionnaire parmi les entreprises en difficulté. Même si le soutien demandé par le secteur privé se réduit uniquement à deux volets : l’exonération d’impôts et des subventions publiques à l’image des États du nord, lors de la crise financière de 2008. L’autre alternative serait aussi de resituer l’État au centre du jeu financier via sa banque centrale. Cette politique est facilitée par l’octroi de crédits à des intérêts vils ou comme cela a été suggéré par une maîtrise de la masse monétaire. Sur ce point, Andry Rajoelina et son ministre de l’Économie a toujours soutenu une idée clé, l’établissement de la banque centrale basée sur les réserves d’or de Madagascar. A ce jour, dans l’attente de ces potentielles recommandations qui se présentent au gouvernement malgache, celui-ci opte davantage par une solution qui ressemble à des pays occidentaux, entre l’aide publique sous forme d’allégement de recettes fiscales sans encore actionner de grands travaux. Toutefois, la bonne nouvelle pourrait se situer dans ce que la présidence a nommé un plan Marschall et ses 150 milliards d’ariary injectés dans le secteur privé. En plus du soutien financier, la prise de conscience des politiques malagasy d’impulser une politique d’industrialisation sans précédent est aussi une clé de voute pour l’essor de Madagascar.
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