Influence russe à Madagascar : fantasme ou réalité ?
La Russie a accueilli samedi dernier une partie de la scène artistique mondiale dans le cadre de son concours Intervision. Bien que disparu des radars depuis sa création à l’époque soviétique, cet événement illustre la volonté de Moscou de renouer avec une politique inspirée de son passé glorieux. Vingt-deux pays ont répondu à l’invitation de l’hôte russe, dont Madagascar, représenté par les artistes Denise et D-Lain.
Si, à première vue, il s’agit d’une alternative sérieuse à l’Eurovision, le Kremlin y voit surtout un instrument de soft power, avec en arrière-plan l’ambition de peser sur la scène internationale. La promotion de ce concours s’inscrit dans la stratégie russe visant à rallier le « Sud global ».
Rien n’a été laissé au hasard dans l’organisation de l’Intervision, comme en témoigne la liste des pays invités : Qatar, Arabie Saoudite, Cuba, Venezuela, Vietnam, Chine ou encore Ouzbékistan. Revendiquant la défense des valeurs traditionnelles, le concours valorise de manière subtile la politique russe, appuyée par les interventions remarquées de Vladimir Poutine, six minutes seulement après la prise d’antenne, puis de son ministre des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov.
Cinq pays africains, dont Madagascar
Madagascar figurait parmi la petite délégation de pays africains conviés. Une présence qui alimente les soupçons d’une influence russe croissante sur la Grande Île. Depuis l’élection présidentielle de 2018, Moscou a manifesté un intérêt marqué pour l’île rouge, allant jusqu’à financer la campagne de six candidats opposés à Andry Rajoelina. Dans le prolongement de cette ingérence, la Russie a signé plusieurs accords de coopération militaire en 2018, puis un accord-cadre en janvier 2022. Ces textes concernent notamment la formation, le transfert d’expertise et l’entretien ou le remplacement d’équipements existants.
Deux lectures s’opposent aujourd’hui sur la place de la Russie à Madagascar. La première défend l’idée d’un pays docile, soumis à la volonté d’influence de Moscou, à l’image de certains États du Sahel. La seconde, plus optimiste, souligne la stratégie de diversification menée par Iavoloha, qui cherche à tirer profit des offres russes dans des secteurs stratégiques tels que la sécurité ou l’agriculture.
Jusqu’où la Russie pourra-t-elle étendre son influence sur l’île rouge ?
