Anti-Vaccin ou malaise français
CO-FONDATEUR & REDACTEUR EN CHEF
Spécialisé dans la communication et l’analyse politique. Il intervient notamment sur les médias spécialisés sur l’Afrique.
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Il y a des événements et des contextes dont on aimerait bien se passer. Avec la crise sanitaire liée à la Covid-19, qui vient de fêter son triste anniversaire en ce mois de janvier 2021, en France. Cette dernière se retrouve face à ses tourments. D’un côté, une gestion fortement critiquable de sa politique vaccinale lui est imputée et de l’autre une population réfractaire au vaccin.
La pandémie du coronavirus est une très mauvaise nouvelle pour les États, aussi bien sur le plan sanitaire que sur le rendement des gouvernements. Les faiblesses des uns rejaillissent de manière plus visible en cette période unique en son genre. Encore une fois, la mise en circulation des vaccins par les laboratoires est un moyen d’apprécier les États, munis d’une organisation efficiente et en capacité de protéger au mieux leurs populations. À ce jeu, force est de constater une nouvelle fois, la friabilité des autorités françaises. Au 11 janvier 2021, la France est à la traîne dans la vaccination massive en comparaison avec les autres pays européens et les puissances qui concourent à revenir rapidement à une vie « normale ». L’Espagne a vacciné 406 000 de ses concitoyens, l’Italie en est à plus de 700 000, même la Pologne est au-dessus de la France avec ses 257 834 vaccinés. Israël et son Premier Ministre Benyamin Netanyaou en a fait un enjeu politique pour y gagner une adhésion totale de son peuple dans le contexte relativement complexe au niveau local et cela s’est traduit par presque 2 millions d’Israéliens ayant reçu une première injection sur une population estimée à 9 millions d’habitants en 2019. Dans le peloton de tête, figurent des puissances mondiales comme les États-Unis, la Chine et le Royaume-Uni ; suivent derrière Israël, les Émirats Arabes Unis et la Russie. La France quant à elle, a pris du retard dès le début en atteignant seulement une famélique centaine de vaccinés sur les premiers jours qui ont suivi l’arrivée du vaccin et tente de rectifier le tir en atteignant à ce jour 138 351 personnes vaccinées.
Un pays fracturé ?
Que les élites politiques enquillent des désillusions notoires, ce n’est pas un phénomène isolé en Occident. Le cas sans précédent des États-Unis, se trouvant face à une rébellion infâme pro-Trump, démontre la crise du modèle démocratique occidental. Toutefois, le malaise français semble plus profond. En décembre 2020, IPSOS GLOBAL ADVISOR publiait un sondage qui révélait que 4 français sur 10 ne voulaient pas se faire vacciner, plaçant ainsi la France le pays le plus réfractaire au monde à une vaccination. Il y a dans cette position de la population française incontestablement une réelle défiance à l’égard de leurs autorités, la montée du conspirationnisme n’y est pas étrangère née de la fabrication de ces vaccins en un temps record, et exempté de toutes les évaluations requises en temps habituel sur les risques et effets secondaires. D’ailleurs, il est à noter tout de même que les laboratoires pharmaceutiques ont été déchargés de toute responsabilité financière en cas d’effets indésirables par l’UE. Cela étant, le conspirationnisme est devenu le corollaire de cette démocratie occidentale fortement contestée. L’autre aspect, davantage occulté par les observateurs de la vie politique, et pourtant non négligeable, est le manque de Foi qui caractérise la population française. Le pays de la laïcité, à la française, est-il en proie aussi à une crise des consciences ?
Si le peuple ne croit plus à ses gouvernants, si les sachant ne convainquent plus, à ne plus savoir à quel saint se vouer ? Car dans un débat public, où les scientifiques ont été au devant de la scène, eux-aussi ont été désavoués indirectement. Un autre sondage réalisé par Odoxa pour le Figaro faisait apparaître le doute des français «Chose incroyable, en France, plus les scientifiques censés vanter la vaccination parlent des vaccins, et moins les Français veulent se faire vacciner !», relève Gaël Sliman, le président d’Odoxa. Cette crise sanitaire est beaucoup plus impactante que nous semblons le croire…