Madagascar : Gestion Covid-19, Le gouvernement va-t-il trop loin ?
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Gestion Covid-19 : le gouvernement va-t-il trop loin ?
Alors que Madagascar vient de passer le cap des 600 décès à la Covid-19, en complément des mesures sanitaires pour freiner la propagation du virus, aussi étrange que cela puisse paraître, une nouvelle mesure étonnante aussitôt annoncée par un décret interministériel a été qualifiée de liberticide et rejetée immédiatement par l’ordre des journalistes ainsi que l’ensemble des mouvances politiques de l’opposition. Le gouvernement a suspendu plusieurs émissions à la radio, à la télévision et sur internet. Leur dénominateur commun, elles sont susceptibles de provoquer le trouble public et l’unité nationale. L’État entend dire par là que cette nouvelle mesure aiderait à mieux lutter contre la Covid-19. Peut-on mettre fin à l’épidémie en limitant la liberté d’expression ? Peut-on promouvoir la bonne gestion de la crise sanitaire basée sur la censure sous prétexte d’ainsi mieux protéger la santé ? Le gouvernement va-t-il trop loin ? Une forme de dictature s’est-il installée ?
Une constante dans l’histoire politique du pays
La notion de dictature sanitaire se développe actuellement, elle se dessine dans le quotidien avec une certaine complicité de la société. Ce qui se passe à Madagascar n’en est autre qu’une nouvelle forme de dictature sanitaire comme réponse à l’épidémie. Une bonne dictature pour les uns pour contenir l’épidémie et inutile pour les autres. Et particulièrement, à Madagascar, il se trouve que ce n’est pas une dérive, mais une constante dans l’histoire politique du pays. Plus qu’une mesure sanitaire, elle s’inscrit dans un contexte plus large de contestation de l’autorité, de la montée progressive des forces de l’opposition sur la scène politique locale. Le gouvernement n’en est peut-être pas conscient, mais c’est probablement une grande erreur et la plus mauvaise décision qu’il ait prise. Cette décision controversée révèle une certaine forme de pouvoir autoritaire qui se trompe de cible. Toutefois, il n’en demeure pas moins, c’est l’archétype des politiques malgaches depuis les soixante dernières années confrontées aux crises politiques cycliques que traverse le pays. Et hélas, en politique, il est très difficile d’avouer qu’on s’est trompé.