Afrique : Emmanuel Macron impuissant face à l’hégémonie » russe ?
CO-FONDATEUR & REDACTEUR EN CHEF
Spécialisé dans la communication et l’analyse politique. Il intervient notamment sur les médias spécialisés sur l’Afrique.
gregory.sileny@madagascar-media.com
Emmanuel Macron s’est rendu en Afrique, entre le 25 et le 28 juillet dernier, visitant le Cameroun, le Bénin et la Guinée-Bissau. Pour rappel, la France se trouve dans une situation délicate sur le continent noir, où ses intérêts se fragilisent au gré des aspirations de pays à gagner des parts de marché, y compris l’ennemi numéro 1 de l’Occident : la Russie.
Emmanuel Macron a toujours cherché à se distinguer de ses devanciers, dans ses discours et la déclinaison de sa politique étrangère en Afrique. Prônant une nouvelle relation, autrement dit une relation bilatérale, il y avait des signes qui auguraient, un tant soit peu, un espoir. Sans accabler la France dans son rôle avide et déshumanisé, les dirigeants africains francophones n’ont peut-être pas su saisir la main tendue de l’Élysée. Puisque dans une relation bilatérale se constitue bien deux parties. Cependant, face au rejet croissant à l’endroit de l’ancienne puissance tutélaire, la montée d’une présence militaire russe comme alternative pour les africains, le président français a fait un rétropédalage dans la sémantique politique, tombant alors dans les vieux discours paternalistes. « La France fera tout pour que ce schéma (visant la coopération sur le plan militaire avec le groupe Wagner) ne se diffuse pas trop, parce que je ne crois pas qu’il soit bon, en particulier pour les peuples ».
Dans cette tournée brève, les Africains démontrent encore leur jeunesse en géopolitique. Les positions des uns et des autres ne changent guère. Les contextes peuvent varier, mais les pays subsahariens éprouvent des difficultés à tirer leur épingle du jeu.
La situation malienne et centrafricaine doit être mis à profit pour les autres pays francophones
En vérité, l’Afrique ne doit se soucier ni des affaires internationales ni des positions idéologiques, elle doit avant tout se tenir à exister sur le plan économique. Si la Russie assure une sécurité au Sahel qui permet à un État comme le Mali d’envisager un redressement économique, il faut consolider cette relation bilatérale. Car il y a un constat sans appel, la France a échoué manifestement au Mali, après 10 ans de guerre menée contre les djihadistes. Le pays a vécu 2 renversements, la population locale est en rogne à l’égard des Français et la situation économique l’assigne parmi les nations les plus pauvres. Dans ce contexte, la fragilité française sur le continent, nourrie par la situation au Sahel, constituent les meilleurs arguments pour que les autres pays africains viennent négocier des contrats économiques et militaires en leur faveur. Pour cela, les populations et la jeunesse africaine – qui sont influents au sein des sociétés via les réseaux sociaux- ne doivent plus entrer dans une vision binaire des relations internationales. Diaboliser la France et sacraliser la Russie n’apporteront rien à l’Afrique si ce n’est créer une nouvelle désillusion. La France, la Russie, la Chine, la Turquie ne représentent que des moyens et non des finalités. Il y a une vérité, se prévaloir d’une sécurité sur le plan national passera incontestablement par le soutien d’une puissance militaire. Il n’y a rien d’infamant à cela. De fait, si un pays échoue lamentablement, il convient de jouer l’alternance ou la substitution. Pour ce qui entre dans le domaine de l’économie, l’Afrique doit apprendre à concevoir une diplomatie bien différente du discours tenu malencontreusement par le Président Talon « C’est ici au Bénin qu’il faut être aujourd’hui ! Les premiers venus seront les premiers servis ».