Eric Zemmour : « L’islam n’est pas compatible avec la France »
CO-FONDATEUR & REDACTEUR EN CHEF
Spécialisé dans la communication et l’analyse politique. Il intervient notamment sur les médias spécialisés sur l’Afrique.
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Dans son opposition à Jean-Luc Mélenchon, lors du débat télévisé et retransmis sur BFMTV, Eric Zemmour a connu ses premiers pas dans la politique française, en ayant un avant-goût de ce qu’il attend dans ce long périple qui mène au premier semestre 2022 de la Présidentielle. Si le débat a peu apporté sur l’établissement d’un programme politique chez le futur ex-polémiste, il donne une plus grande visibilité du scénario qui se dessine.
Eric Zemmour a fait du Zemmour, la recette qui a engendré son succès s’est aussi invitée au débat politique : l’immigration comme seul prisme du mal français, l’Islam présenté comme l’ennemi de la République et des idées conservatrices, un tant soit peu « passéistes », comme doctrine, censée élever la France au rang de puissance mondiale. Par cette description, le sentiment laissé est celui de ne rien apprendre de nouveau du candidat qui a le vent en poupe. Si Jean-Luc Mélenchon a semblé emprunté et a perdu de sa faconde, comme le démontre ses remarques condescendantes répétées à l’encontre de son co-débatteur, Eric Zemmour ne s’est pas pour autant distingué. Au contraire, il est venu étayer l’argumentaire de ses détracteurs, à savoir qu’il n’a pas de véritable programme et éprouve une difficulté à endosser le rôle de politique. Cela relève tout de même d’une faiblesse manifeste du journaliste, à quelques semaines du lancement de la campagne, même s’il demeure un candidat non déclaré. La vision de Zemmour axée sur un déclin français, un pessimisme autour de la classe politique et le rejet de la mondialisation sous toutes ses formes ont de quoi plaire. Néanmoins, son manque de solutions probantes risque de lui être renvoyé frontalement.
Pas encore de lisibilité sur le sujet de la campagne 2022 : peut-être l’Islam ?
L’équation à résoudre pour le clan Zemmour se situera sur sa faculté de passer du constat à la proposition qui fédère. Puis viendra le moment où un sujet attirera l’ensemble des candidats pour l’intérêt qu’il suscite auprès de la population française. Zemmour a pris de l’avance sur cette hypothétique thématique de campagne, en (re)lançant la polémique autour des prénoms. Le sujet semble trop sociétal et pas assez transversal, mais dans le fond, il renvoie à la question autour de l’Islam comme l’invite à le faire son instigateur Eric Zemmour. L’influence de l’Islam, alimentée par ses fidèles dont les Français convertis amènent à savoir si la France va prendre un tournant conservateur ou moderniste à l’anglo- saxonne ? Ce thème peut être débattu de manière politique ou juridique ce qui revient à questionner l’état de droit tant décrié par ces néoconservateurs à l’instar de Victor Urban, et repris dans l’élaboration de sa thèse par Eric Zemmour. Emmanuel Macron a abordé tardivement cette question à travers la loi sur le séparatisme. Dans sa quête d’un renouvellement de mandat, il devra davantage se prononcer sur cette question et sur la déclinaison de sa vision. Pour conclure, les États-Unis ont toujours été à l’avant-garde, à tout point de vue, dans cette lignée, la France arrive à un tournant quant à l’écriture de sa civilisation et des cinquante prochaines années. Des visions de société sont déjà esquissées comme la loi bioéthique, maintenant, la France peut-elle abandonner son socle judéo-chrétien voulu par la gauche et pas assez affirmé par la droite ? Samuel Huntington donne des clés de ce choc des civilisations, un livre qui date déjà de 2000.