États-Unis : Donald Trump joue à un jeu dangereux

Aux États-Unis, les semaines passent sans le moindre répit de la part de l’administration Trump. Chaque jour, chaque heure même, la Maison-Blanche alimente l’actualité : lutte contre la criminalité à Washington et dans les États démocrates, réduction de l’immigration, expulsions de résidents légaux ou illégaux, hausse des tarifs douaniers, diplomatie commerciale… Impossible d’échapper au flot permanent de dépêches.
La méthode Trump s’apparente à celle d’une entreprise virale : occuper l’espace médiatique, imposer son nom dans les mots les plus répétés, façonner un récit où il se présente comme un homme de paix, et surtout donner l’illusion que son mandat est historique. Il pratique une politique construite comme un storytelling, destinée à marquer les livres d’histoire.
Trump bâtit progressivement un monde qui lui appartient davantage qu’à une idéologie. La politique est pour lui une entreprise : mais s’agit-il de l’« entreprise États-Unis », comme l’évoquait récemment le chancelier allemand Friedrich Merz en parlant de l’entreprise Allemagne », ou bien de la succursale d’un groupe beaucoup plus personnel, l’« entreprise TRUMP » ?
Son obsession n’est pas tant une vision qu’une volonté : plaire à son électorat moyen. C’est là sans doute ce qui l’a conduit à la Maison-Blanche. Donald Trump a compris la psychologie et les attentes d’une Amérique des classes moyennes, différente de celle de Los Angeles, attachée au rang de première puissance, mais méfiante vis-à-vis de la modernité, de la mondialisation, et des valeurs démocratiques.
Cette Amérique-là, celle qui s’est reconnue en lui, ne veut plus s’accommoder des contre-pouvoirs et des institutions traditionnelles. Trump utilise l’appareil d’État comme un cow-boy son colt : tout doit aller dans son sens. Son modèle est devenu le modèle de ses partisans, et il est plus simple pour eux de suivre l’homme le plus puissant du pays que de défendre des institutions qu’il juge « ringardes ». Dans sa logique, les contre-pouvoirs doivent se taire, les institutions doivent disparaître.
Dans quel but ?
Donald Trump cherche à séduire l’opinion et à éviter l’échéance redoutée par tout président américain : les Midterms. Cette élection de mi-mandat a pour habitude d’amoindrir le pouvoir de l’administration en place et de renforcer celui de l’opposition.
En matière de politique étrangère, le président américain recherche des alliés qui, comme lui, rejettent la démocratie occidentale. En cultivant ces alliances de circonstance, le milliardaire téméraire cherche à légitimer une politique autoritaire et antidémocratique.
En définitive, rien n’indique qu’il envisage de quitter durablement la Maison-Blanche, au-delà même des deux mandats auxquels il est théoriquement limité, car se maintenir au pouvoir reste l’objectif de tout autocrate.


