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L’AFD est-elle le bras armé de la politique étrangère française ?

Agence France Développement à Madagascar
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Le 14 Décembre, on apprenait que la Banque Mondiale faisait un don de 50 millions de dollars à Madagascar pour pallier tout risque de catastrophe. Dans cette aide figurait aussi l’acteur incontournable français, l’Agence Française de Développement (AFD), auteur d’un co-financement à hauteur de 10 millions d’euros. L’AFD est un partenaire privilégié, présent aussi sur des projets de réhabilitation au sein de la capitale de Madagascar ou très actif dans la réforme du système éducatif malagasy avec une promesse de décaisser 30 millions de dollars. Méconnu des citoyens malgaches, malgré ses investissements majeurs depuis une quinzaine d’années[1], au demeurant, l’AFD l’est tout autant aux yeux des français ; alors qu’en 2019, son budget a augmenté d’1 milliards de dollars avec une concentration majoritaire de son « aide » sur le continent africain.

« Une aide qui n’en est pas vraiment une »

Si l’AFD entretient son flou auprès des populations que ce soit françaises ou malgaches, le mot aide figurant dans son appellation apparait quelque peu trompeur, là où l’acception investissement serait plus adaptée. L’AFD a été créée à l’initiative du Général De Gaulle en Décembre 1941, en ayant pour mission d’incarner un institut d’émission monétaire et du Trésor public. Au fil du temps, ses investissements vont s’accroître de manière exponentielle, puis, son rôle va aussi changer et revêtir plus que jamais un axe fort de la politique étrangère française au même titre que la diplomatie et la défense.

« Une stratégie d’influence visant aussi à contrecarrer l’hégémonie chinoise »

L’agence française de Développement tient le discours noble de réduire la pauvreté, accélérer la croissance économique et le développement auprès des PMA (Pays les Moins Avancés) et contribuer à respecter l’environnement. Mais officieusement, l’objectif se situe bien ailleurs. L’AFD contribue à dessiner l’influence et les contours de la nouvelle politique étrangère française pour les 40 prochaines années. Conscient que l’Afrique est une terre d’opportunités et d’investissements colossaux, le choix stratégique de concentrer 50% de ses dons, aides et investissements sur les pays subsahariens n’y est pas étranger. La France ne cesse de rappeler dans toutes les notes officielles traitant du continent africain, l’horizon 2050 avec les 1.8 milliards d’habitants qui peupleront l’Afrique, une démographie supérieure à la Chine et à l’Inde.   L’AFD est ainsi la nouvelle préfiguration visant à remplacer progressivement le paradigme de la Françafrique, quand bien même celui-ci demeure et coexiste encore. L’AFD, par son avant-garde, s’est progressivement extrait de la relation bilatérale avec les Etats pour promouvoir progressivement le partenariat public privé, les ONG et ainsi diversifier son investissement. L’émergence de PROPARCO, la filiale de l’AFD, spécialisée dans l’investissement dédié au secteur privé corrobore le changement de paradigme de ladite aide française au développement. Les visées de Proparco sont nombreuses puisqu’elles s’intéressent fortement au marché des start-up africaines, le développement du secteur énergétique et des infrastructures plus globalement. Sa prise de participation sur les PME des pays du sud est la nouvelle toile qui offrira une influence grande dans les différents pans des économies émergentes et les nouvelles puissances de demain. Nonobstant une nouvelle philosophie, l’AFD reste toujours empiété dans le modèle de la Françafrique, la députée française Bérangère Poletti (Les Républicains) dénonçait l’été dernier des prêts consentis par l’AFD visant à maintenir Ali Bongo Ondimba au pouvoir et à la tête de l’Etat gabonais. Deux procédures judiciaires ont été instruites en France à l’encontre de l’AFD. L’AFD à défaut de ne pas être une aide au sens propre, elle continue d’aider, un tant soit peu, le réseau de la Françafrique.

[1] Une centaines de projets ont été financés principalement sur la capitale de Madagascar et 520 millions d’euros investis sur la grande île.

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