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Mali : Entre indignation et renouveau politique ?

Mali : Entre indignation et renouveau politique

Le Mali a sans aucun doute marqué les esprits par le biais de son Premier Ministre par Intérim Abdoulaye Maiga, à la tribune de l’Assemblée Générale des Nations-Unies. Son discours marquant divise sur le continent Africain, mais tend à définir un nouveau cap dans la relation qui sera tissé entre africains et occidentaux, semble-t-il.

« Le capital financier impérialiste est une prostituée qui ne parviendra pas à nous séduire » n’est pas tiré du discours du Premier Ministre Abdoulaye Maiga mais d’un illustre devancier toujours dans la même enceinte des Nations-Unis, à savoir un certain Fidel Castro. Tant dans la diatribe que dans la forme, le discours des autorités maliennes semble s’en être quelque peu inspiré. Une émanation, dirons-nous.

Les Maliens étaient subversifs à l’égard des autorités françaises et non du peuple français comme l’a précisé le Premier Ministre Maiga, voulant aussi affirmer un nouveau positionnement, jugé trop docile par le passé.  Nombreux sont ceux parmi les chefs d’État à avoir capitalisé sur la visibilité offerte par l’Assemblée des Nations-Unis dans une perspective de tenter un tant soit peu de régler des conflits, que ce soit Yasser Arafat, Benyamin Netanyahou, Mouammar Khadafi ou encore Hugo Chavez… Une opportunité qui n’a pas été dévoyée par le Mali avec l’objectif de crier au monde entier la volonté du pays sahélien d’impulser une autre dynamique sur le plan diplomatique. Si le Mali a été d’une telle virulence à l’endroit de la France, il y a assurément des fondements à ce ressentiment partagé par une partie de la population et plus globalement par une jeunesse africaine qui ne veut plus être considérée comme servile et à la merci des autorités françaises. Le discours d’Abdoulaye Maiga a clarifié, aux yeux du monde, le revirement à 360° de Bamako qui risque à tort ou à raison d’attirer d’autres dirigeants africains. Jusqu’à présent, la posture des chefs d’État africains se réduisait à des hommes ostensiblement sous le joug français pour ce qui est de l’Afrique francophone. D’autres dirigeants, souvent détachés d’un passé reliant à la France, adoptaient une diplomatie économique avec l’occident, à l’instar de Paul Kagame ou Nana Akuffo-Addo. Il est à souligner que Andry Rajoelina a apporté une troisième voie qui se nourrit d’opposition quand cela est nécessaire sur des sujets comme la vaccination inhérente à la Covid-19 ou les îles éparses, tout en prônant aussi une diplomatie économique.   Le propre d’une politique étrangère qui s’établit de nuances et de paradoxes tant la complexité est grande. Il ne s’agit pas d’avoir une seule couleur politique et un seul discours envers un pays ou dans la relation au monde, mais savoir dire non à certains sujets et dire oui à d’autres. Le Mali semble juvénile dans son approche, préférant arborer un monolithisme.

Le Mali s’expose à la critique et à un lourd tribut ?

Les méthodes maliennes entretiennent la polémique et exposent les autorités de transition à obtenir des résultats rapidement. Le manque de gradation dans la position des « politiques » maliens tant dans leurs discours que dans leurs communications peut s’avérer une grande erreur. Il semble que l’humilité et la réserve n’auraient pas été usurpées dans la posture politique. Il aurait été plus judicieux de tenir un tel discours, une fois qu’il y ait eu des victoires manifestes sur le plan militaire. Ou bien s’enorgueillir d’être souverain et maître de son destin lorsqu’une ébauche de politique socio-économique suscitant une approbation de la société civile émerge. Occultant sciemment ces précautions diplomatiques, les Maliens ont surenchéri avec des ad hominem envers Alassane Ouattara et Mohamed Bazoum.

Le Mali montre une fois de plus la dimension émotionnelle des dirigeants africains qui ne parviennent pas à adopter un pragmatisme politique. Que l’on veuille ou non, le redressement d’un pays ne s’opère pas uniquement sur le terrain du discours et des postures, sinon le continent serait en partie déjà sur orbite. Espérons que ces belles paroles qui suscitent un engouement auprès de la jeunesse africaine seront suivis de victoires sans équivoque sur le plan politique.

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