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Madagascar après la Covid-19 : La condition rurale

L'agriculture à Madagascar

Les agriculteurs, les grands oubliés

Madagascar est constitué en grande majorité d’une population rurale. On estime qu’elle constitue actuellement 95% de la population. Tout projet de développement du pays devrait par conséquent, et incontestablement, les inclure. La réussite de toute initiative ou politique d’émergence du pays se trouve à qui saura impliquer et obtenir l’adhésion de cette grande majorité. Dire que le pays est pauvre sous-entend d’abord la pauvreté de cette population rurale, les grands oubliés du développement à Madagascar. Le dénuement de cette population rurale trouve aussi aujourd’hui son expression et sa cristallisation paradoxalement en ville. Cette population vit d’artisanat, mais surtout d’une agriculture vivrière et familiale qui n’a connu que très peu d’évolutions mécaniques et technologiques, voire quasi nulle dans beaucoup de régions et de villages de Madagascar. Le pays baigne dans un statu quo effrayant vis-à-vis des agriculteurs. Le bilan de ces 60 dernières années montre que rien de satisfaisant n’a été fait pour eux, sans aucune politique agricole transformatrice efficace et durable. Pourtant, Il y a eu beaucoup de projets, on a esquissé de nombreux plans de développement mais finalement rien de concret qui puissent améliorer les conditions de vies des paysans. Pour ne citer que quelques domaines à rattraper : l’accès à la santé, à l’éducation, à la culture, à l’eau potable, à l’électricité, s’ajoutent l’insuffisance alimentaire et les famines, tout cela regroupe autant de facteurs stagnants et récurrents. Les paysans sont désorientés et sont tentés de partir en ville, une décision que beaucoup considère aujourd’hui comme la seule voie d’épanouissement et de réussite sociale. Cet exode rural entraîne l’abandon du secteur agricole qui est un des piliers fondamentaux sur lesquels le pays devra compter pour sortir de sa pauvreté.

C’est le prix à payer de l’appauvrissement généralisé du milieu agricole. On assiste donc à une destruction progressive du tissu productif rural et l’amplification de l’exode rural qui ne fait que déplacer le problème ailleurs.

Construire le tissu productif local

Parler de développement rural devrait être donc un sujet de préoccupation majeure des politiques et de l’ensemble des acteurs socio-économiques du pays. Se préoccuper du milieu rural devient obligatoire après la crise économique causée par la Covid-19. C’est le lieu nourricier quand on ne peut plus importer massivement de l’extérieur tout ce dont le pays aurait besoin avec la fermeture prolongée des frontières. La prise de conscience qu’il faille construire un tissu productif local est indispensable. Produire localement et industrialiser le pays constituent aujourd’hui des voies sûres pour surfer sur le tsunami économique qui arrivent sur tous les continents. Pour Madagascar, l’agriculture serait un levier de développement, l’outil de développement et de réussite par excellence. C’est une voie rapide pour retrouver la croissance puisque le pays est composé par une grande majorité de sa population d’agriculteurs. Développer le monde rural, c’est développer Madagascar. Pour assurer l’émergence de Madagascar, c’est donner en priorité la dignité du milieu rural.  Cette réussite rurale est l’affaire de tous, elle doit être impulsée et encouragée par l’état mais peut aussi naître des initiatives individuelles, associatives ou par le biais de partenariats public/privé. Le monde rural a besoin de l’implication de l’ensemble des acteurs socio-économiques du pays pour développer tous les secteurs : agricole, artisanal, industriel, énergétique, pharmaceutique, environnemental, etc.  Le temps est venu de co-construire et retrouver la voie de la réussite rurale qui passe par le développement de la grande majorité des acteurs des territoires que sont les agriculteurs. Tant que les politiques et les acteurs de développement ne réalisent pas ce lien entre développement rural et l’émergence du pays, toute tentative d’aspiration au développement n’aurait aucun sens. Tous doivent contribuer et participer à changer les pratiques et les mentalités en développant des nouvelles solutions agricoles respectueuses de l’environnement, et des réflexions innovantes sur le financement de nouveaux projets collaboratifs et participatifs et faveur des agriculteurs. Il s’agit là de sauts politique et culturel majeurs. Une transformation des pensées et une révolution de la façon d’interagir avec le monde rural.

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