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Les clés pour relancer l’économie malagasy

La relance économique à Madagascar

Gouverner, c’est prévoir. Mais qu’en est-il pour un pays comme Madagascar fragilisé par une crise sanitaire qui semble trop grande eu égard aux infrastructures insuffisantes et au modeste développement qui est le nôtre, encore aujourd’hui.

La fin du plan d’urgence décrété par les autorités marque sensiblement une nouvelle phase dans la gestion de la crise sanitaire à Madagascar. Ce nouveau cycle doit accorder un nouveau souffle à l’ensemble de la population malagasy alors qu’une asphyxie est en train de provoquer une mort à petit feu de l’économie intérieure – une réalité qui se présente à l’ensemble des pays de la communauté internationale – à commencer par le tourisme, mais surtout le secteur informel. Malgré tous les efforts consentis pour cette population majoritaire sur l’île, celle-ci souffre de l’absence de filet de sécurité et dans l’incapacité à se projeter dans le temps.  Il s’agit d’un autre phénomène qui touche particulièrement l’Afrique subsaharienne avec des économies qui sont majoritairement composées d’une part informelle de l’activité nationale, allant parfois jusqu’à 80% de la population. Dans la recherche de solutions viables, Madagascar œuvre foncièrement par une politique d’État providence. L’État revient au centre du jeu ce qui est assurément une bonne nouvelle. On entend aussi dans les couloirs des ministères, ou à Iavoloha au sein de la garde rapprochée d’Andry Rajoelina, le terme de « relance économique ». Un élément de langage qui est repris avec vigueur en occident, semble-t-il, l’Afrique suit le pas. Quand bien même, il y a un bénéfice, tiré de ce terme vantant une approche économique à tendance keynésienne, cette acception semble aussi présenter des limites.

Favoriser un autre angle de vue

Dans un pays comme Madagascar, très tributaire des aides internationales qui ne cessent de croître sous toutes ses formes, dons, prêts, transfert de compétences, aides humanitaires sans oublier les acteurs traditionnels garants d’une stabilité comme la Banque Mondiale, le FMI, l’AFD, la BAD ; en vérité, les Autorités pourraient tout aussi nommer leur politique comme un plan de relance par les acteurs économiques. Cette appellation semble plus appropriée. Elle s’accommode des réalités malgaches depuis des décennies. Autrement dit, l’État recenserait l’ensemble des protagonistes susceptibles de l’aider et coordonnerait une action nationale qui viserait les territoires, les catégories de population ainsi que les différents secteurs de l’économie. Lorsqu’on arbore l’idée d’un plan de relance économique, cela induit une politique de grande ampleur qui impacte tous les secteurs. Or, cette nécessité d’un plan de relance économique est attendue non pas depuis 2018 et l’arrivée d’Andry Rajoelina, cela remonte presque à 1972. Ce faisant, les malagasy ont été davantage témoins de désillusions s’agissant de leurs modes de vie, 60 ans après l’obtention de l’indépendance.

Qui sont ces acteurs capables d’impulser une sortie de crise ?

Les grandes fortunes de Madagascar, couplés avec les grands entrepreneurs méritent invraisemblablement d’être conviés à un tour de table pour renforcer le Partenariat Public Privé (PPP). Mais, ils pourraient être également de simples généreux donateurs à minima. Les élites économiques présentent un double avantage pour l’appareil étatique. En premier lieu, elles ont une capacité indéniable à sortir des fonds rapidement alors que l’État ne cesse de modifier ses lignes budgétaires avec le risque inéluctable de creuser un endettement, jusqu’ici jugulé avant la Covid-19. En second lieu, les élites représentent la réussite du pays. Une tendance a gagné Madagascar, celui d’assister à l’intronisation de multimillionnaires en politique, mais jamais l’État s’est appuyé sur une instance visant à les réunir dans une politique coordonnée d’intérêt général. Cette initiative viserait à rétablir un climat d’affaire favorable aux investissements ce qui va dans l’intérêt des entreprises locales. L’autre appui de l’État pourrait être la Diaspora qui a trop été délaissée et inexploitée malgré toutes ses potentialités. Cette dernière est en capacité à investir dans des projets d’infrastructures avec un système d’actionnariat. Toujours dans cette libéralité des fonds publics, l’État songerait aussi à vendre des bons du Trésor qui serait davantage tournés à l’international pour toucher la Diaspora en plus de la population locale. Enfin, la question sensible des aides et des dons mérite de s’y pencher sérieusement afin que cette aide à ne plus demander de l’aide pour paraphraser un ancien président de la République, un certain Didier Ratsiraka pour ne pas le nommer.

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