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Le mal du pays ?

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Sous ce titre énigmatique se cache deux idées qui désignent le mal de Madagascar. L’un saute aux yeux, la pauvreté qui commence dès qu’on foule le sol de l’aéroport international d’Ivato, avec le triste projet pour des enfants de la patrie de récupérer quelques billets des  290 000 touristes, venant nous visiter chaque année, considérés comme opulent par leur relative richesse. L’autre versant est la pauvreté qui nourrit les indicateurs macroéconomiques du pays. 

Comment expliquer une pauvreté endémique qui colle à la peau depuis presque 40 ans ?

Vient le souvenir indélébile des cycles économiques développés par l’économiste Nicolai Kondratiev[1] à la demande de Lénine. Après la longue phase de récession économique, subit désespérément par une majorité de concitoyens, se pose légitimement la question, quand est-ce que Madagascar va sortir les millions de malagasy de la pauvreté extrême, estimée entre 75% et 80% de la population totale. Une montagne se dresse devant les Pouvoirs Publics, tel un Goliath, mais tous s’interroge, qui est le Roi David pour endosser le costume de la victoire ? Cette personne ne pourra être seule, d’où la fin de la croyance au Président omnipotent qui a longtemps été le modèle politique, en Afrique. Une conviction qui a conforté des dirigeants dans leurs rôles ténus, d’homme indispensable, et les a incité fortement à ne plus quitter le pouvoir politique, tels que Paul BIYA, Idris DEBY, Alpha KONDE ; où le seul départ devenu permissif serait la maladie mais pas une maladie quelconque puisque plusieurs chefs d’Etat Africains en exercice sont malades, au grand regret des populations. Pour ces raisons, la constitution d’une armée de « David » serait plus juste pour Madagascar. D’une autre formulation, plus académique, tous les agents économiques ont leur partition à jouer dans cette œuvre nationale. Le mal de Madagascar ou du pays, c’est le sentiment qui traverse des millions de malagasy vivant en dehors de l’île, éloigné de leur pays d’origine ou plus simplement des « leurs ». Ils sont quelque peu désorientés, pour certains. Entre tristesse et culpabilité de voir le marasme continu, entre manque et déracinement de ne pas pouvoir participer au roman national. Pourquoi ne pas revenir sur la « terre sainte » comme ces milliers de juifs qui décident chaque année de faire leur aliyah[2]. Plus facile à dire qu’à faire. L’absence d’opérateurs économiques spécialisés dans le domaine, le besoin d’avoir des garanties et de mettre en place des systèmes assurantiels à l’initiative de l’Etat et la visibilité sur les besoins de l’économie sont les freins d’un retour. Le mal visible ou invisible partagé par les malagasy doit converger pour qu’une solidarité nationale se construise. Un malagasy qui revient au pays devient une denrée rare au sens premier et figuré. Il cumule à lui seul une somme de valeurs ajoutées : l’assurance d’une compétence hautement qualifiée sur le territoire, un consommateur doté d’un pouvoir d’achat élevé, un contribuable non négligeable pour le Ministère des Finances, un employeur pour tous les métiers relatifs à l’aide à domicile et un patriote qui potentiellement voudrait aussi donner ou aider ses compatriotes, après avoir beaucoup reçu dans le pays hôte où il a parfois évolué ou grandi. Ne parlons plus du mal du pays, mais des « biens » du pays.

Le + Madagascar Media :

(1) Longue phase de dépression économique qui est censée précédée une nouvelle phase de croissance durable sur le temps

(2) Ce terme désigne l’acte d’immigration en Terre d’Israël par un Juif.

©Crédit photo: AFD

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